Une mutation est mise en évidence

Une nouvelle dystonie familiale décrite au Brésil

Publié le 05/02/2008
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LES DYSTONIES se définissent comme la présence de contractions musculaires involontaires et soutenues, entraînant mouvements et postures anormaux. Les symptômes, très douloureux, débutent en règle générale dans l'enfance. La maladie est incurable.

Les étiologies sont complexes, l'origine pouvant être anatomique et/ou moléculaire.

A ce jour, quinze loci porteurs de mutations causales ont été associés à des dystonies (DYT1 à DYT15). Le gène porteur code une protéine-kinase mal connue, PRKRA.

Une origine monogénique n'a néanmoins été trouvée que chez une petite fraction des patients souffrant de dystonie.

L'application des tests de génotypage par SNPs (Single Nucleotide Polymorphisms) donne l'opportunité de réaliser un criblage rapide et fiable du génome entier.

On recherche des modifications portant sur les SNPs, ce qui représente l'unité de composition de l'ADN. L'analyse du génome entier fait cribler plus de 555 000 SNPs. Dans le contexte d'une maladie monogénique, cette approche est adéquate pour appréhender la cartographie d'une maladie récessive.

C'est ainsi que des chercheurs brésiliens, Sarah Camargos et coll. (Minas Gerais), rapportent la description d'un syndrome de dystonie transmis génétiquement au sein de deux familles a priori non apparentées de ce pays, habitant à 300 km de distance.

Des signes de parkinsonisme chez certains.

Les personnes atteintes souffrent d'un trouble des mouvements d'installation précoce, se présentant sous la forme de dystonie, avec la présence de signes parkinsoniens chez certains membres.

Camargos et coll. identifient le trait génétique afférent, sous la forme d'une nouvelle mutation, DYT16, portée par le gène PRKRA. Les chercheurs ont prélevé de l'ADN du génome sur des échantillons sanguins de patients et de membres de leur famille. Ils ont comparé les génotypes avec ceux de centaines de témoins, exempts de maladie neurologique. Et aussi avec le génotype de patients souffrant d'autres troubles du mouvement.

Les membres touchés de deux familles brésiliennes portent tous la même mutation, héritée d'un ancêtre commun fondateur. La mutation est absente des 1 000 témoins non porteurs d'anomalies neurologiques.

«En se référant à nos données, la mutation DYT16 devrait être recherchée chez les patients qui se présentent avec une forme héritée et récessive de dystonie généralisée, impliquant les muscles du cou et du tronc plus que ceux des membres», indiquent les auteurs.

Il existe quelques trais complémentaires, sous la forme de dystonies oro-mandibulaires (sourire sardonique), dystonie laryngée (dysphonie spasmodique) et parkinsonisme, mais qui sont de moindre importance.

Les traitements médicamenteux n'ont pas eu d'effet, y compris la lévodopa, ou les anticholinergiques. Le mécanisme par lequel la mutation cause des signes de Parkinson n'est pas clair. Le gène PRKRA code une protéine-kinase, que l'on suppose être impliquée dans la réponse cellulaire au stress et à l'inflammation.

« The Lancet Neurology ». Publication en ligne le 4 février 2008.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8305