UNE EQUIPE japonaise a découvert une nouvelle cible pour les thérapies antitumorales : le complexe AMAP1/cortactine. Haschimoto et coll. ont démontré qu’en empêchant l’interaction entre ces deux protéines, il est possible d’inhiber la nature invasive et métastatique de cellules dérivant d’un carcinome mammaire.
Lors de précédents travaux, l’équipe japonaise avait démontré le rôle clé de la protéine AMAP1 dans l’activation du pouvoir invasif des cellules de cancer du sein. Cette protéine ne devient fonctionnelle que lorsqu’elle est complexée à deux autres sous-unités protéines, la cortactine et la paxilline. La protéine AMAP1 se fixe à la cortactine via une interaction à première vue classique, mettant en jeu un peptide riche en prolines sur AMAP1 (peptide P4) et un domaine dit « SH3 » (pour « src homology 3 ») sur la cortactine. Cependant, les chercheurs japonais ont découvert que la séquence de P4 n’est pas classique : elle diffère significativement de celle retrouvée sur les autres protéines capables de se fixer à un domaine SH3.
Haschimoto et coll. ont eu l’idée d’exploiter cette particularité : alors qu’un inhibiteur de la liaison « classique » aux domaines SH3 pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’organisme (ce type d’interaction est très utilisé dans les cellules), un inhibiteur ciblant spécifiquement l’interaction AMAP1/cortactine pourrait conduire à l’inhibition de la capacité invasive sans provoquer d’effets secondaires délétères.
Pour tester cette hypothèse, les chercheurs ont utilisé un peptide synthétique de séquence identique à celle de P4. Délivré en excès à des cellules dérivant de cancer mammaire, ce peptide entre en compétition avec AMAP1 et bloque ainsi l’interaction de la protéine avec la cortactine. Haschimoto et coll. ont établi que ce phénomène suffit à l’inhibition de l’effet invasif et métastatique des cellules de cancer du sein, de glioblastome et de carcinome pulmonaire.
> E. B.Hashimoto et coll., « Proc Natl Acad Sci USA » du 2 mai 2006.
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