DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’OS EST EN constant renouvellement. Ce remodelage permanent résulte de l’action équilibrée entre les cellules résorbant l’os (ostéoclastes), les cellules formant de l’os nouveau (ostéoblastes) et les facteurs contrôlant ces cellules.
L’équipe de Laurie Glimcher (Harvard School of Public Health, Boston) cherchait à connaître la fonction in vivo de la protéine Schnurri-3, une grande protéine zinc finger (en doigt de zinc) qui joue un rôle dans la réponse immune et l’inflammation.
A cette fin, les chercheurs ont produit des souris knock-out en Shn3 (-/-), totalement déficientes en protéine Shn3.
Une masse osseuse de plus en plus dense.
Ces souris K.O. sont nées en bonne santé, sans anomalie apparente. Toutefois, un examen osseux (radiologique, histologique et par tomographie quantitative) à l’âge de 2 mois a révélé une augmentation de la masse osseuse dans tous les os (os longs, voûte crânienne et vertèbres). On découvrit alors que ces souris K.O. présentaient, à partir de l’âge de 1 semaine, une masse osseuse de plus en plus dense avec l’âge, aboutissant à une quasi-oblitération de la cavité médullaire de leurs os longs lorsqu’elles avaient 7 mois. Une analyse histomorphométrique à l’âge de 2 mois montrait un taux de formation osseuse multiplié par 5.
Les chercheurs ont constaté que ces phénomènes sont le résultat d’une activité accrue des ostéoblastes. Ils montrent que la protéine Shn3 limite les taux de la protéine Runx-2, principal régulateur transcriptionnel de la différenciation des ostéoblastes, qui favorise ainsi la formation d’os nouveau.
Il apparaît que Shn3, en recrutant une « enzyme d’ubiquitination » (WWP1, une ligase ubiquitine E3), et formant un complexe avec WWP1 et Runx-2, favorise la dégradation de la protéine Runx-2 par le protéasome. De cette manière, Shn3 s’oppose à la minéralisation de la matrice extracellulaire favorisée par Runx-2.
Le contrôle de l’activité des ostéoblastes.
Les chercheurs proposent donc que «Shn3 appartient au petit groupe de facteurs qui régulent l’activité postnatale des ostéoblastes».
Ils entrevoient dès lors que «des composés conçus pour bloquer la fonction Shn3/WWP1 pourraient devenir des agents thérapeutiques pour le traitement de l’ostéoporose». «En utilisant des souris déficientes en Shn3, nous avons découvert que Shn3 régule la masse osseuse grâce à sa capacité à contrôler l’activité des ostéoblastes, les principales cellules formant l’os», déclare au « Quotidien » le Dr Dallas Jones (Harvard School of Public Health), premier signataire de cette étude publiée dans « Science ».
«En l’absence de Shn3, les ostéoblastes ont un accroissement de leur capacité à synthétiser la matrice extracellulaire. Cela entraîne, chez les souris déficientes en Shn3, un phénotype ostéoscléreux sévère. Notre observation démontre bien que, à l’âge de 7mois, la cavité médullaire des souris déficientes en Shn3 est complètement oblitérée par l’os. »
«Etant donné le phénotype profond des souris déficientes en Shn3, ajoute le Dr Jones, on peut supposer que Shn3 deviendra une cible thérapeutique intéressante dans le traitement de l’ostéoporose ou d’autres affections pathologiques marquées par un haut risque de fractures, comme certaines tumeurs ostéolytiques. »
« Science », 26 mai 2006, p. 1223, Jones et coll.
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