Sera-t-il possible un jour d’avoir un traitement du diabète de type 2 via une activation du tissu adipeux brun ? En tout cas, ce sujet a fait l’objet, lors du congrès de l’ADA, d’une session entière, particulièrement intéressante selon le Pr Bertrand Cariou (service d’endocrinologie, maladies métaboliques et nutrition du CHU de Nantes). « On sait que le tissu adipeux blanc est un tissu de stockage de l’énergie sous forme de triglycérides. Le tissu adipeux brun, lui, est un tissu beaucoup plus rare qui permet de brûler de l’énergie et de produire de la chaleur. Pendant longtemps, on a pensé que ce tissu adipeux brun était essentiellement présent chez les rongeurs hibernants. On savait aussi qu’il existait aussi chez l’homme mais à la période néonatale », explique le Pr Cariou.
C’est en 2009, grâce au pet-scan 18 FDG, qu’il a été possible de visualiser ce tissu adipeux brun, notamment chez des patients atteints de cancer. « On s’est rendu compte que ce tissu était principalement localisé au niveau du cou, au-dessus des clavicules et le long des carotides et des vertèbres cervicales. Des biopsies ont été faites et ont permis de confirmer qu’il s’agissait bien de tissu adipeux brun », ajoute le Pr Cariou.
Cette découverte a immédiatement suscité des perspectives nouvelles. Potentiellement, ce tissu adipeux brun constitue en effet une cible de l’obésité et du diabète de type 2. « En effet, on se dit qu’en cas d’activation les dépenses énergétiques vont augmenter, et donc les calories vont brûler et faire perdre du poids au patient. Selon les estimations, on pense qu’entre 300 et 500 kilocalories par jour seraient brûlées, ce qui n’est pas négligeable », indique le Pr Cariou.
L’intérêt de cette activation du tissu adipeux brun est qu’elle est corrélée à l’Indice de masse corporelle (IMC). « On constate que les patients, qui ont un tissu adipeux brun moins actif, ont un IMC plus important. On a aussi le sentiment que la prise de poids lié au vieillissement est liée à une diminution d’activité du tissu adipeux brun. Enfin, il a été montré qu’après une chirurgie bariatrique, il est possible de ré-activer le tissu adipeux brun ».
Une autre question, débattue à l’ADA, concerne la possible existence d’un tissu adipeux « beige », entre le blanc et le brun. « Cela concerne la graisse localisée au niveau sous-cutané et abdominale. Et on se demande s’il ne serait pas possible, avec certains traitements, de « brunir » le tissu adipeux blanc », indique le Pr Cariou.
Mais l’enjeu majeur est surtout de mettre au point des médicaments permettant d’activer le tissu adipeux brun ou de rendre beige le tissu adipeux blanc. « Le premier traitement pourrait être les glitazones. Mais il y a aussi beaucoup de travaux et d’espoirs autour du FGF21, une protéine qui peut être secrétée par le foie mais aussi par les tissus adipeux blanc et brun. Plusieurs sociétés pharmaceutiques ont développé des agonistes FGF21, des protéines recombinantes par voie sous-cutanée, explique le Pr Cariou. Des essais encourageants ont eu lieu chez la souris. L’an passé, un essai pilote de phase 2, assez court (28 jours) a été mené chez l’homme par Lilly. Il n’y a pas eu d’efficacité très franche sur la glycémie mais on a constaté une baisse de poids et cela a permis d’améliorer les lipides en faisant baisser les triglycérides et le mauvais cholestérol. En conclusion, on peut dire que la cible est intéressante mais on attend maintenant les essais de phase 3 pour en savoir davantage ».
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