EN FRANCE, avec 3 300 nouveaux cas et 1 000 décès par an, le cancer du col de l'utérus est actuellement le deuxième cancer féminin.
L'introduction des frottis cervico-utérins de dépistage qui permettent la découverte et le traitement des lésions intraépithéliales allant de la dysplasie légère au carcinome in situ (Cervical Intra epithelial Neoplasia = CIN I-II-III) et la découverte de tumeurs de plus petit stade ont permis d'obtenir une réduction de l'incidence de la maladie et de la mortalité.
Ce dépistage par examen cytologique peut encore être amélioré par la détection de l'HPV (Human Papilloma Virus). Les HPV sont de petits virus non enveloppés à ADN circulaire qui infectent spécifiquement les épithélia de la peau et des muqueuses. Ils induisent généralement des lésions hyperprolifératives bénignes (verrues, papillomes...). Mais certains types, reconnus comme oncogènes (par exemple HPV16, HPV18), sont retrouvés dans 99,7 % des cancers du col utérin.
Deux millions de porteuses.
Les infections à HPV sont les infections sexuellement transmissibles les plus fréquentes avec un pic de fréquence de 20 à 24 ans qui chute ensuite progressivement jusqu'à l'âge de 45-50 ans. Elles sont asymptomatiques (2 millions de femmes en France seraient porteuses du virus sans le savoir) et pour la plupart régressent spontanément sans complication grâce à la mise en jeu des défenses immunitaires.
Certains facteurs favorisent l'apparition et la persistance de l'infection : précocité des rapports sexuels, multiplicité des partenaires, contraception orale de plus de cinq ans, tabagisme, déficit immunitaire, coïnfections. Et c'est la persistance pendant un an et plus qui augmente de manière significative le risque de lésions cancéreuses.
La prévalence de l'infection à HPV est corrélée à la gravité des lésions observées en cytologie : 50 % environ dans les frottis avec des lésions atypiques, 80 % dans les frottis évocateurs de lésions de bas grade et plus de 90 % dans les frottis évocateurs de lésions à haut grade.
« Quand on sait qu'une lésion précancéreuse du col utérin peut être guérie aujourd'hui à 100 % si elle est détectée précocement, le dépistage doit toujours rester la priorité des priorités », souligne le Pr Christiane Mougin (Besançon).
D'où l'intérêt du test HPV créé par la société de biotechnologie américaine Digène. Il repose sur une technologie originale, dite Hybrid Capture 2, qui détecte la présence d'HPV oncogènes avant même que les modifications des cellules du col ne soient visibles au microscope lors de l'examen cytologique. Des travaux scientifiques récents montrent que l'association d'un examen cytologique et d'un test HPV (qui peuvent s'effectuer dans un même temps) est le moyen le plus efficace pour dépister les lésions pré-invasives qui font le lit du cancer.
Des études concordantes.
De nombreuses études européennes et américaines ont prouvé l'efficacité du test. Une étude française portant sur 10 589 femmes a été réalisée au CHU de Reims. L'analyse des résultats met en évidence la présence d'HPV oncogènes chez 15 % des femmes, tous âges confondus. L'étude retrouve aussi 10 % d'HPV chez des femmes ayant des examens cytologiques initiaux normaux. Ces femmes ont été suivies avec des tests HPV et examens cytologiques répétés tous les 6 mois : 40 % étaient toujours porteuses de virus et 20 % d'entre elles avaient des lésions de haut grade histologiquement prouvées six à douze mois après l'examen cytologique initial normal. Donc, seule la persistance d'une infection à HPV de six à douze mois permet de sélectionner une population à risque.
Selon la même étude, la valeur prédictive du test HPV est de 99,9 % : une femme qui a un examen cytologique normal et un test HPV négatif n'a quasiment aucun risque de développer une lésion cancéreuse avant plusieurs années.
Quand prescrire le test ? Chez les femmes dont l'examen cytologique du frottis cervico-utérin montre une atypie significative indéterminée (Atypical Squamous Cells of Undetermined Significance).
Il est fortement recommandé dans le suivi des traitements de lésions précancéreuses (conisation ou chirurgie) pour s'assurer qu'il ne persiste pas d'infection résiduelle à HPV oncogène susceptible de conduire à une reprise du processus de cancérisation. Il sera prescrit également à titre préventif afin de cibler les femmes à risque, de les inciter à se surveiller et à les rassurer.
Le test HPV de Digène, seul test approuvé par l'administration américaine (FDA), est déjà utilisé avec succès dans de nombreux pays, dont les Etats-Unis, depuis plusieurs années, l'Anaes (Agence d'accréditation et d'évaluation en santé) le recommande dans les cas de frottis douteux et il est agrée par l'Afssaps et marqué CE.
L'autorisation de remboursement par la Sécurité sociale, à partir du 14 février (voir encadré) concrétisera de façon officielle son efficacité et le mettra à la portée de toutes les femmes.
Le test enfin remboursé
Résultat du combat des femmes et des milieux médicaux et de la mobilisation des pouvoirs publics (plan Cancer), le remboursement du test de dépistage HPV entrera en vigueur le 14 février.
Pour l'instant, les indications sont limitées au frottis équivoque de signification indéterminée (ASCUS). Dans ce cadre, le dépistage coûte 48,60 euros et est remboursé à 60 %. L'examen peut être renouvelé en cas de positivité du premier examen ou en cas de surveillance d'une personne immunodéprimée, dans un délai de huit à seize mois.
Le compt rendu devra préciser, entre autres, le nom de la trousse utilisée, le mode et la localisation du prélèvement, le résultat cytologique, les génotypes recherchés, le résultat du prélèvement testé et, si possible, les résultats des précédentes analyses.
La première journée européenne
Pour cette première manifestation européenne, des actions seront organisées à Paris, Londres, Dublin, Bruxelles, Rome et Berlin.
A Paris, un colloque organisé par trois sénatrices, Gisèle Printz (Moselle), Odette Terrade (Val-de-Marne) et Michèle André (Puy-de-Dôme), se déroulera au Sénat.
Plusieurs thèmes seront abordés : le plan Cancer, le rôle de la région, la situation actuelle du dépistage du cancer du col de l'utérus, l'optimisation de ce dépistage, la place des femmes et la volonté politique dans ce domaine. Le colloque sera ouvert au public de 14 heures à 17 heures*.
Femmes d'Europe pour le test HPV espère qu'une meilleure information et sensibilisation permettront d'éviter la mort de 1 000 à 2 000 femmes chaque année en France.
S'inscrire auprès de Femmes d'Europe pour le test HPV : tél. 00.32.2.743.66.25, e-mail : infoarobasewomenforhpvtesting.org.
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