UNE ÉQUIPE du National Cancer Institute de Bethesda vient d’identifier une nouvelle famille de substances capable de bloquer la réplication des Papillomavirus humains : les alpha-défensines. Dans un modèle d’infections in vitro, Buck et coll. ont pu établir que les alpha-défensines humaines 1-3 (HNP 1-3) et l’alpha-défensine 5 (HD 5) bloquent la multiplication de différentes souches de Papillomavirus dans des cellules épithéliales humaines en culture.
Des travaux récents ayant par ailleurs indiqué que les alpha-défensines sont actives contre le VIH1, les virus de l’herpès simplex, Neisseria gonorrhoeæ et Chlamydia trachomatis, ces substances naturelles pourraient permettre le développement d’un microbicide à large spectre.
Les défensines sont des peptides microbicides exprimés et sécrétés par les leucocytes et les tissus épithéliaux. Elles sont essentiellement connues pour leur capacité à inhiber les infections par des virus enveloppés. On suppose qu’elles agissent en déstabilisant les lipides de l’enveloppe virale et/ou en inhibant l’interaction entre le virus et la cellule hôte. Des données récentes ont suggéré que certaines défensines humaines auraient également la capacité de s’opposer à la réplication de virus non enveloppés.
Pour tester cette nouvelle hypothèse, Buck et coll. ont décidé d’étudier l’effet des défensines sur l’infection des cellules épithéliales par les Papillomavirus humains.
Un criblage systématique de l’activité anti-Papillomavirus de toutes les défensines humaines isolées et purifiées leur a permis d’identifier plusieurs peptides particulièrement actifs contre les Papillomavirus cutanés et muqueux. Les plus intéressants sont les alpha-défensines 1-3 et 5, des peptides riches en cystéines et en arginines. L’alpha-défensine 5 est naturellement présente dans le tractus génital féminin.
Les alpha-défensines 1-3 et 5.
Des expériences complémentaires ont révélé que les alpha-défensines 1-3 et 5 bloquent la multiplication des Papillomavirus, non pas en s’opposant à l’entrée du virus dans les cellules de l’hôte, mais en empêchant les virions de sortir des vésicules d’endocytose. De ce fait, l’activité anti-Papillomavirus des alpha-défensines peut être observée jusqu’à six heures après le premier contact entre les cellules et le virus.
Le travail de Buck et coll. confirme donc l’hypothèse selon laquelle certaines défensines humaines sont actives contre les virus non enveloppés. Il laisse par ailleurs entendre que ces substances pourraient permettre la mise au point de traitements préventifs et curatifs contre les infections à Papillomavirus. Dans le cadre de la prévention des infections génitales, de par les mécanismes d’action des alpha défensines, les microbicides à base d’alpha-défensines pourraient même être utilisés dans les heures suivant un rapport sexuel non protégé.
C.B. Buck et coll., « Proc Nalt Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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