L a rétraction capsulaire de l'épaule ou « épaule gelée », pathologie à prédominance féminine est fréquemment posttraumatique. « Si l'on reprend l'historique de cette rétraction, il s'agit généralement d'un syndrome algodystrophique consécutif à un traumatisme intéressant en premier lieu le poignet, puis le coude et, enfin, l'épaule. Ce syndrome algodystrophique se traduit alors par une douleur entravant le sommeil des patients et une raideur progressive de l'épaule (en l'absence de maladie intrinsèque) limitant ainsi les mouvements actifs et passifs », explique le Pr Raoul Ghozlan.
Outre l'origine traumatique, la capsulite rétractile peut être consécutive à une maladie générale telle qu'une affection thyroïdienne, un infarctus du myocarde, un diabète, un cancer bronchopulmonaire, une hémiplégie ou être d'origine iatrogène (traitement barbiturique).
Les données de l'imagerie
En général, l'évolution de ce syndrome se fait sur deux ou trois ans. Les examens radiologiques peuvent être normaux ou révéler une déminéralisation de la tête humérale. A la RMN, la rétraction est objectivée par un épaississement du récessus inférieur de l'articulation.
Dans la majorité des cas, l'amélioration survient de douze à dix-huit mois après le début de la maladie.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les injections de calcitonine et la rééducation ne donnent pas toujours de résultats très probants. Le plus souvent sont réalisées des injections locales intraarticulaires de corticoïdes précédées par une distension de la glène de la tête humérale par injection de sérum physiologique sous contrôle échographique. Cette pratique donne 60 % de bons résultats. « Certaines études démontreraient que cette distension préalable n'apporterait rien de plus par rapport à la seule injection de corticoïdes », souligne le Pr Ghozlan.
Dans 30 à 40 % des cas, aucune étiologie n'est retrouvée.
Le rôle du nerf sus-scapulaire
Selon l'expérience du spécialiste, la capsulite de l'épaule lorsque l'étiologie n'est pas retrouvée est sous-tendue par le nerf sus-scapulaire qui innerve les deux tiers de la capsule. Afin de vérifier cette hypothèse de travail, il a été réalisé au niveau de l'échancrure du sus-scapulaire des injections de corticoïdes précédées d'un test anesthésique positif (c'est-à-dire permettant la manipulation de l'épaule en abduction et antepulsion) ont été réalisées chez 11 patients (9 femmes et deux hommes) dont la moyenne d'âge est de 55,5 ans et la durée moyenne d'évolution de la capsulite est de 7,2 mois ; le traitement conventionnel avait échoué pour chacun d'entre eux.
Cette pratique du « block » du nerf sus-scapulaire associant l'injection d'une solution anesthésique et de corticoïdes a été réalisée trois fois, à raison d'une injection par semaine. L'efficacité a été évaluée en comparant la douleur subjective et le degré des mouvements passifs avant et après la première et la dernière injection.
Associée à la rééducation, cette nouvelle approche thérapeutique de la rétraction capsulaire de l'épaule donne globalement 70 % de bons résultats, 8 patients sur 11 ont été soulagés.
D'après une communication du Pr Raoul Ghozlan (rhumatologue, hôpital européen de Paris La Roseraie, Aubervilliers).
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