De notre envoyée spéciale
L'EXENATIDE, qui vient d'être commercialisé aux Etats-Unis et qui est en cours de développement en Europe, est le premier médicament d'une nouvelle classe thérapeutique, les incrétines mimétiques. Il s'agit d'un peptide de synthèse (identique à une hormone provenant de la salive du lézard Gila monster), doté de plusieurs des propriétés de l'incrétine GLP-1 (Glucagon Like Peptid), peptide humain qui joue un rôle important dans la régulation de la glycémie. En effet, au niveau du pancréas, le GLP-1 stimule la sécrétion d'insuline en réponse à une augmentation de la glycémie (et seulement dans ce cas, ce qui est très intéressant avec un moindre risque d'hypoglycémie) et elle diminue la production de glucagon. Au niveau intestinal, le GLP-1 ralentit la vidange gastrique et donc l'absorption des sucres, ce qui a pour effet de limiter l'hyperglycémie postprandiale. Enfin, par une action centrale, il augmente la sensation de satiété et limite la prise alimentaire.
L'exenatide vient de recevoir de la FDA (Food and Drug Administration) américaine une autorisation de mise sur le marché pour le traitement des diabètes de type 2 non traités par l'insuline, avec un contrôle glycémique insuffisant malgré un traitement par des antidiabétiques oraux. Les résultats de deux études importantes ont été présentés au 41e Congrès de l'Easd à Athènes.
Baisse de 1 % de l'HbA1c.
Un premier essai comparaît l'exenatide à l'insuline glargine (1). C'est une étude ouverte, en groupes parallèles, multicentrique, randomisée, d'une durée de vingt-six semaines, incluant plus de 500 patients diabétiques de type 2 plus suffisamment contrôlés par les antidiabétiques oraux. Les patients étaient randomisés en deux groupes : l'un recevait une dose fixe d'exenatide (5 microg deux fois par jour les quatre premières semaines, puis 10 microg deux fois par jour pendant le reste de l'étude) en association avec la metformine et un sulfamide hypoglycémiant ; l'autre groupe recevait l'insuline glargine une fois par jour, en commençant par 10 U, également en association avec les antidiabétiques oraux ; la dose d'insuline était ajustée en fonction de la glycémie. A la fin de l'essai, les deux groupes avaient obtenu des résultats similaires : réduction de 1 % de l'HbA1c avec l'exenatide et de 1,1 % avec l'insuline ; 46 % des patients du groupe exenatide avaient atteint la valeur cible (HbA1c < 7%) contre 48 % dans l'autre groupe ; 31 % des patients du groupe exenatide et 24 % des patients du groupe insuline atteignaient la valeur cible < 6,5 %.
Par ailleurs, dans le groupe exenatide, les patients avaient perdu en moyenne 2,3 kg, alors qu'ils en avaient pris 1,8 sous insuline. La mesure de la glycémie à sept reprises a montré que l'exenatide réduisait les glycémies postprandiales après le petit déjeuner et le dîner ; alors que l'insuline glargine baissait principalement la glycémie à jeun. Le taux d'hypoglycémies symptomatiques était similaire dans les deux groupes. L'effet secondaire le plus fréquent sous exenatide était les nausées (57 %), généralement légères ou modérées et qui tendaient à diminuer au fil du temps.
Bénéfice confirmé à long terme.
Des données à long terme sur l'exenatide ont également été présentées. La mise en place d'une période d'extension à l'issue des études pivots a permis d'obtenir des données sur deux ans. Les résultats portent sur 195 patients traités cent quatre semaines (10 μg d'exenatide deux fois par jour) ; ils confirment que l'administration d'exenatide en association avec la metformine et/ou un sulfamide améliore durablement le contrôle glycémique en diminuant la glycémie (réduction de 1,1 % de l'HbA1c) et entraîne une perte de poids progressive (de 5,5 kg en moyenne). Une amélioration du profil lipidique (élévation du HDL-C et baisse des TG) et de la pression artérielle a également été observée. Cette amélioration était plus importante chez les patients ayant perdu plus de poids. Les effets indésirables étaient comparables à ceux observés dans les essais contre placebo. « Ces résultats à long terme montrent clairement le bénéfice de l'exenatide pour les patients diabétiques de type 2 qui ont des difficultés à gérer efficacement leur maladie, a déclaré le Pr Francesco Giorgino (université de Bari, Italie). La perte de poids est d'autant plus intéressante que le surpoids est un problème fréquent chez ces patients et que de nombreux traitements engendrent une prise de poids. »
Une demande d'AMM européenne sera déposée prochainement par les Laboratoires Lilly et Amylin qui développent cette molécule.
Symposium organisé par les Laboratoires Lilly et Amylin
(1) R. J. Heine (VU university medical center, Amsterdam), « Diabetologia », vol. 48 suppl 1, august 2005, OP1-1 A4.
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