Migration neuronale dans le cerveau adulte

Une navigation au gré de battements de cils

Publié le 12/01/2006
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NOUS SAVONS aujourd’hui que certaines régions du cerveau adulte sont le siège d’une neurogenèse permanente, permettant ainsi l’ajout ou le remplacement de neurones inscrits dans un circuit nerveux mature. Le bulbe olfactif présente ainsi, avec l’hippocampe, la particularité de renouveler tout au long de la vie de l’individu une partie de ses interneurones. Dans le cerveau adulte, les neurones produits dans la zone sous-ventriculaire migrent à partir de la paroi des ventricules latéraux en direction du bulbe olfactif. Mais comment ces cellules s’orientent-elles sur une aussi longue distance et à travers des territoires aussi complexes ?

Une étude chez des souris adultes, dirigée par Sawamoto (université de San Francisco et université Keio à Tokyo), Alvarez-Buylla (université de San Francisco) et coll., apporte de nouvelles lumières.

Les parois des ventricules latéraux du cerveau.

Les chercheurs montrent que de fascinantes cellules, les cellules épendymaires, situées dans la paroi des ventricules latéraux du cerveau, mobilisent et dirigent le flux du liquide céphalo-rachidien (LCR) par le battement coordonné de leurs cils. La migration des neuroblastes suit ce flux liquidien qui transporte un gradient de molécules de guidance.

«Nos résultats suggèrent que la polarité planaire des cellules épendymaires ciliées joue un rôle essentiel pour la formation des gradients de facteurs chimiorépulsifs qui guident la migration neuronale dans le cerveau adulte», souligne auprès du « Quotidien » le Dr Sawamoto. «Le rôle des cellules épendymaires et du LCR était quelque peu énigmatique, ajoute pour sa part le Dr Alvarez-Buylla. Notre étude procure une nouvelle perspective en montrant que la polarisation des cellules épendymaires (la direction dans laquelle elles sont orientées) pourrait jouer un rôle clé dans la migration neuronale.»

Ce nouvel aperçu sur la façon de guider de jeunes neurones dans le cerveau adulte sera important pour développer des thérapies cellulaires basées sur l’emploi des cellules souches nerveuses, dans diverses maladies neurologiques. Ce travail pourrait également fournir des indices sur les anomalies du développement qui sont associées à un mauvais cheminement des neurones.

« Sciencexpress », 12 janvier 2006, Sawamoto et coll.

> Dr VERONIQUE NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7876