LES HÉMORRAGIES intracérébrales surviennent fréquemment en dehors de tout facteur de risque connu, notamment ceux qui touchent les sujets jeunes. Il existe à l’évidence des facteurs prédisposants non encore identifiés.
«Nous avons récemment identifié des mutations portant sur un gène qui code le collagène de typeIV alpha1 (COL4A1), une protéine de soutien de la membrane, chez une famille de souris, puis chez une famille humaine, souffrant de porencéphalie**.»
La porencéphalie ne s’est développée que chez 20 % des souris mutantes, mais, comme elles sont toutes identiques génétiquement, les spécialistes en déduisent l’existence d’une forte interaction entre la mutation et l’environnement.
Les auteurs ont d’abord posé l’hypothèse qu’une hyperpression crânienne survenue au moment de la naissance a produit une hémorragie. Et que, selon l’importance de la blessure induite par cette pression, une porencéphalie se développera ou non.
Mutations congénitales COL4A1.
Ils se sont demandé si des mutations congénitales COL4A1 pourraient prédisposer des souris ou des humains adultes à une maladie vasculaire cérébrale, en dehors d’une porencéphalie.
Le travail chez la souris a permis d’établir que la mutation est semi-dominante et que le rôle de l’environnement est important.
La partie humaine de l’étude a porté sur une famille française déjà connue pour souffrir d’une maladie familiale atteignant les petits vaisseaux (une publication antérieure a eu lieu en 2003). Les six membres atteints dans cette famille présentent une maladie artériolaire de la rétine, et l’un des membres souffre même d’hémorragies rétiniennes. De plus, deux des personnes ont eu des hémiparésies infantiles, et trois rapportent des migraines avec aura.
Le neuroimagerie a montré une leucoencéphalopathie diffuse associée à des espaces périvasculaires dilatés chez tous les membres de la famille affectés. Quelques microsaignements ont été observés (IRM), suggérant l’implication de la vascularisation cérébrale. Deux des membres sont décédés d’hémorragie intracérébrale et un autre après un traumatisme cérébral. Un troisième a subi une hémorragie intracérébrale fatale alors qu’il était sous traitement anticoagulant.
L’analyse génétique a révélé une mutation sur COL4A1 (transposition), qui n’a pas été constatée chez les membres d’un groupe de témoins.
Une grande variabilité phénotypique.
Au total, la prédisposition génétique est à même de provoquer un AVC hémorragique, des maladies rétiniennes et rénales, des anomalies au niveau de la substance blanche. Chez la souris comme chez les humains, on constate une grande variabilité phénotypique. Et les hémorragies intracérébrales peuvent être silencieuses comme elles peuvent être fatales. Enfin, «nos données indiquent que cette forme d’AVC hémorragique reflète une forte interaction gène-environnement».
Une prévention des traumatismes à la naissance (césarienne) et à l’âge adulte, l’éviction des facteurs de risque pour le saignement à l’âge adulte peuvent diminuer le risque d’AVC en relation avec le génotype à risque.
* Douglas B. Gould (Amsterdam) en collaboration avec des investigateurs français : Pascale Massin, Marie-Germaine Bousser et Elisabeth Tournier-Lasserve, hôpital Lariboisière et INSERM U 740, Paris. « New England Journal of Medicine », 354 ; 14, 6 avril 2006, pp. 1489-1496. ** Porencéphalie : malformation congénitale caractérisée par la présence de cavités dans le cortex cérébral, dues à un arrêt du développement du cortex ou à une affection congénitale atrophiante. Cliniquement, elle se traduit par l’idiotie, des crises épileptoïdes, l’athétose, etc. (dictionnaire médical Masson).
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