Dès les premières auditions, des crispations sont apparues. La mission d’information parlementaire présidée par le député médecin Jean-Pierre Door (UMP, Loiret), et dont Catherine Lemorton (PS, Haute-Garonne), présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, a été nommée rapporteure, n’a pas été un long fleuve tranquille. Médecins libéraux et hospitaliers, directeurs d’ARS, pompiers, Ordre, maires, patients... ont successivement présenté leur vision de l’organisation optimale de la permanence des soins.
La mission devra rendre ses conclusions en janvier 2015, plus d’un an après sa constitution et avec six mois de retard. Elle aura permis, si besoin en était, de constater combien les attentes sont diverses sur ce sujet.
Parmi les premiers reçus, le Dr Marc Giroud, à l’époque président de SAMU de France, n’a pas mâché ses mots. Selon lui, SOS Médecins créerait « une situation inflationniste et de surconsommation de soins » dans le cadre de la PDS, les maisons médicales de garde (MMG) n’obtiendraient pas de résultat « en termes de réduction des flux aux urgences », et les régulateurs libéraux feraient preuve d’une « volonté d’autonomie choquante ». À ce jeu de ping-pong, le Dr François Simon, du CNOM, lui renvoyait la balle, l’accusant de « double langage », et rappelant que « les urgences ont intérêt à ce qu’il y ait du passage ».
Pas de retour à l’obligation, assure Touraine
Les témoins se succédaient dans la même ambiance de règlements de comptes. Jean-Loup Durousset, alors président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), pointait du doigt l’attitude des gros services d’urgences hospitaliers, accusés de faire de la rétention de patients, alors que les petits SAU, souvent des cliniques, redirigent vers les gros les cas complexes. Dans la foulée, le Dr Patrick Pelloux, patron de l’AMUF (urgentistes hospitaliers), notait un « problème d’organisation de la PDS ambulatoire », et pointait du doigt « les lobbies importants des libéraux ». Gérard Vincent, délégué général de la FHF (hôpitaux publics) en remettait une couche, jugeant que les urgences n’étaient « pas responsables de la hausse des flux » : « elles ne vont pas chercher les patients, ce sont eux qui viennent car l’organisation de la PDS, fondée sur le volontariat, n’a pas permis d’inverser les flux ».
Reçus conjointement par la mission d’information, les responsables des principaux syndicats de médecins libéraux ont riposté en regrettant « les attaques incessantes » des hospitaliers. Ils ont rappelé que la permanence des soins pouvait être une source d’épuisement professionnel pour des médecins travaillant jusqu’à 70 heures par semaine, et que l’organisation libérale avait du mal à lutter contre des urgences hospitalières « sans filtre ni régulation à l’entrée ».
Marisol Touraine a fermé le bal en octobre dernier. Selon elle, le volontariat dans la PDS n’a pas été « une décision particulièrement judicieuse ». Pour autant, la ministre de la Santé a garanti qu’elle n’envisageait pas de revenir à une obligation des gardes.
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