DEPUIS L'ADOPTION en 1987, par l'assemblée générale des Nations unies, d'une résolution appelant à combattre la consommation et le trafic de drogues, chaque 26 juin est consacré à la lutte contre ce fléau dans le monde. Le propre de l'action d'un produit psychoactif sur l'état de conscience est d'entraîner une dépendance psychologique, à l'instar du cannabis, ou physique. Il peut s'ensuivre une mise en danger directe de l'usager et d'autrui, ainsi que le fait l'alcool au volant – 1 200 tués par an en France – et, dans tous les cas, des risques avérés pour la santé ou encore une dégradation des relations sociales et professionnelles. Pour sa 22e édition, la Journée internationale contre l'abus et le trafic illicite des stupéfiants a choisi d'interpeller tout particulièrement les jeunes. «La drogue contrôle-t-elle ta vie? Ta vie. Ta communauté. Pas de place pour la drogue.» Mis au point par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), ce slogan, décliné en 2007 sur le mode de l'usage, se conjugue pour 2008 en termes de culture et de produits (voir encadrés ci-contre), avant de se focaliser en 2009 sur le marché clandestin*.
«Dommage que l'on continue à développer ce type de démarche, qui oublie que la drogue vient réguler la vie des personnes dépendantes, en soulageant leurs souffrances. En réalité, un tel slogan n'est efficace que pour ceux qui maîtrisent leur vie», commente pour « le Quotidien » Jean-Pierre Couteron, psychologue, président de l'Association nationale des intervenants en toxicomanie. Et d'ajouter en substance que, pour rendre moins attractives les drogues, il faudrait s'employer à aider les plus fragiles à être heureux. Vaste programme !
Les chiffres
200 millions d'usagers de drogues dans le monde, dont
160 millions de cannabis, et
165 000 « à problèmes » en France.
Réduire l'offre et la demande.
En France, une libéralisation culturelle du cannabis, defacto intervenue au fil du temps, fait oublier que le plaisir des pétards n'est pas sans danger. «Le choix d'en fumer, qu'il soit culturel ou lié aux vertus psychoactives attendues du produit, reste rarement anodin (comorbidités psychiatriques) », souligne l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Sur les 1,2 million de jeunes de 15 à 35 ans qui en font usage régulièrement, dont 70 % tous les jours, beaucoup connaissent des consommations «à problèmes». Un adolescent sur dix fume des joints et boit (au moins dix ivresses par an). Chaque année, 90 000 usagers sont interpellés, passibles d'un an de prison et de 3 750 euros d'amende. En 2006, sur 11 000 condamnations pour usage de drogues (1 500 en 2002), l'écrasante majorité concerne le cannabis, le tiers donnant lieu à des peines d'incarcération, dont un tiers ferme.
Dans son approche des substances psychoactives, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) met l'accent sur des actions en faveur de la réduction de l'offre et de la diminution de la demande, avec une dose de pédagogie en direction des consommateurs.
Les stages de sensibilisation aux dangers de l'usage de stupéfiants, démarrés le mois dernier à Dijon et à Paris, donnent le ton. Prévus par la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, ils peuvent être ordonnés à tous les stades de la procédure judiciaire, comme alternatives à des poursuites (« le Quotidien » du 16 mai). Ils durent de deux à quatre jours et leur coût est à la charge de la personne interpellée : 250 euros en moyenne, à opposer aux 180 euros de dépenses mensuelles pour qui fume un joint par jour, précise la MILDT. «La plupart des usagers de cannabis sont intégrés à la vie sociale. Ne les laissons pas s'installer à la marge de la société, victimes d'une dépendance», prévient l'OFDT.
Ce que veut faire savoir l'UNODC
- Lecannabis entraîne des difficultés à mener des activités physiques ou intellectuelles, et peut conduire à une dépendance psychologique et à la schizophrénie.
- Lacocaïne provoque à court terme une accélération de la respiration et du rythme cardiaque, et à long terme une forte dépendance psychologique et un état proche de la psychose paranoïde.
- L'ecstasy peut causer agitation, anxiété, hallucinations et, éventuellement, dépression grave et pertes de mémoire.
- L'héroïne entraîne une forte dépendance physique et psychique, perte de poids, apathie chronique.
- Le LSD a des effets psychologiques (perturbation des perceptions) et/ou émotionnels (sentiment de désespoir).
- La méthamphétamine peut être à l'origine d'une dépendance psychologique, de convulsions, de spasmes, de malnutrition, de mort par arrêt cardiaque.
Culture et production
• Dans le monde : dans les pays en développement producteurs de drogues, les agriculteurs en difficulté détruisent la forêt tropicale pour cultiver de la coca, du cannabis ou de l'opium. En Colombie, l'utilisation de défoliants dans l'éradication de la coca, imposée par les États-Unis, a causé un désastre pour l'environnement sans provoquer une baisse de la production. Les récoltes sont cédées à des intermédiaires pour moins de 1 % de la valeur du produit fini vendu à l'usager. L'UNODC évalue les profits tirés de la drogue à 400 milliards d'euros, soit l'équivalent du montant annuel de l'industrie pétrolière
• En France : la production domestique de cannabis peut être évaluée à environ 32 tonnes (entre 950 000 et 1,3 million de plants), ou encore un joint sur neuf fumés. Chaque individu se procurant du cannabis par l'autoculture disposerait de 6,8 à 9,3 plants, correspondant à une valeur marchande de 1 143 euros, ce qui représente un total de 160 millions d'euros.
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