DANS LE CADRE du traitement chirurgical du cancer, des sondes de gamma-caméras, qui sont en fait des compteurs de radioactivité, ont été introduites au bloc opératoire pour assister le chirurgien en temps réel lors de l'ablation des tumeurs préalablement marquées.
Cette technique de radioguidage permet d'accéder à la localisation précise et à l'ablation la plus complète possible des tissus envahis.
Lors d'une intervention pour un cancer du sein, le protocole classique consiste à réaliser, la veille de l'intervention, une lymphoscintigraphie. Elle permet au chirurgien de s'appuyer sur des images qui l'aident à localiser et à dénombrer les ganglions satellites de la tumeur. Cette scintigraphie est réalisée en injectant à la patiente une solution radioactive qui contient du technétium. Les images servent de guide au chirurgien pour réaliser des biopsies et obtenir les données anatomopathologiques à partir desquelles le traitement sera élaboré. Le chirurgien peut aussi utiliser, au bloc, une sonde compteur de radioactivité de gamma-caméra qui lui permet de vérifier la position du ganglion sentinelle (premier relais) avant l'incision, de l'identifier dans le site opératoire et, enfin, après excision, de confirmer l'absence de radioactivité résiduelle. La gamma-caméra est un gros appareil présent dans les services de médecine nucléaire.
C'est pour améliorer cette technique que l'équipe « imagerie et modélisation en cancérologie » de l'Imnc*, dirigée par Stéphanie Pitre, a eu l'idée de miniaturiser la gamma-caméra.
Le prototype de minicaméra (ou mini-imageur, pour adopter le vocabulaire plus précis de la physique) a pour nom Poci. Il a été mis au point grâce à une collaboration entre l'AP-HP et le Cnrs, qui se poursuit pour développer le dispositif.
Moins de 2 kg.
L'intérêt de la minicaméra Poci (PerOperative Compact Imager) est qu'elle pèse moins de 2 kg, qu'elle tient dans la main du chirurgien et qu'elle peut être enveloppée d'une housse stérilisable. La gamma-caméra est donc entrée au bloc opératoire, où elle est maniée par le chirurgien lui-même, qui va détecter les ganglions satellites et sentinelles. La sonde peut être introduite dans le foyer opératoire. Enfin, on peut envisager de l'utiliser dans les cliniques ou les centres qui ne disposent pas de service de médecine nucléaire.
L'évaluation clinique de la minicaméra Poci repose sur une double étude visant à prouver son équivalence par rapport aux gamma-caméras standard et à montrer son intérêt au bloc opératoire quand il faut identifier les ganglions sentinelles qui n'ont pas été détectés par la sonde de la gamma-caméra traditionnelle (on refait une scintigraphie et on compare les résultats entre gamma-caméra et Poci).
L'imageur Poci est actuellement évalué via le protocole du « ganglion sentinelle » dans le cancer du sein. L'étude a commencé en janvier 2006. Une centaine de patientes ont déjà été incluses, sur un total nécessaire de 200. «Après l'examen d'une centaine de patientes avec la caméra Poci, tant en service de médecine nucléaire qu'au bloc opératoire, les premiers résultats sont extrêmement encourageants», annoncent les investigateurs (Dr Emmanuel Baranger et coll., hôpitaux Lariboisière et Tenon, Paris).
* Unité « Imagerie et modélisation en neurobiologie et cancérologie », IN2P3-Cnrs/université Denis-Diderot Paris-VII/université Paris-Sud).
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