UNE MEILLEURE compréhension des bases moléculaires de la cancérogenèse a permis d'identifier de nombreuses voies impliquées dans la pathogenèse du cancer. On espère que l'identification d'inhibiteurs spécifiques de ces voies aboutira à des progrès thérapeutiques contre le cancer.
Bon nombre de ces inhibiteurs thérapeutiques sont en développement et certains ont été testés en clinique.
Le développement de ces inhibiteurs est toutefois gêné par l'incapacité d'évaluer les effets du médicament sur sa cible moléculaire chez le patient.
Smith-Jones et coll., du mémorial Sloan Kettering Cancer Center à New York, ont maintenant développé une méthode. Leur travail est publié dans « Nature Biotechnology »*.
Les chercheurs se sont intéressés à l'agent anticancéreux expérimental 17-AAG (17-allylaminogeldanamycine), premier inhibiteur de l'Hsp90 évalué en essai clinique (phase I) dans le cancer du sein. En inhibant l'Hsp90, le 17-AAG induit la dégradation de l'HER2, un récepteur de surface cellulaire souvent surexprimé dans le cancer. Cet agent expérimental s'est montré avoir une activité antitumorale dans des modèles précliniques.
Un émetteur de positons sur un fragment d'anticorps.
L'équipe souhaitait comprendre l'effet pharmacodynamique du 17-AAG sur la dégradation de l'HER2. Ils ont attaché un émetteur de positons (Ga68) à un fragment de l'anticorps anti-HER2 (Herceptine). Ce fragment d'anticorps marqué peut être ainsi surveillé par tomographie par émission de positons (PET) séquentielle. Après avoir injecté le fragment anticorps à des souris traitées peu après par 17-AAG, les chercheurs ont réussi à visualiser et à quantifier dans les tumeurs de l'animal la disparition au cours du temps de l'HER2.
Des implications cliniques.
« Nous espérons que nous pourrons introduire en clinique cet agent d'imagerie, afin que les essais en cours de phase I du 17-AAG soient mieux compris », confie au « Quotidien » le Dr Peter Smith-Jones.
Cette approche pourrait être appliquée également à d'autres agents qui induisent la dégradation d'une cible présentant un domaine extracellulaire (anticorps antirécepteurs, inhibiteurs de tyrosine-kinase et inhibiteurs d'HSp90).
« Normalement, le suivi d'un traitement anticancéreux doit attendre plusieurs semaines ou plusieurs mois avant de pouvoir observer de grossiers changements physiques dans la tumeur », poursuit le Dr Smith-Jones. « Cette méthode devrait prédire la réponse du patient dans les vingt-quatre heures du début du traitement. Elle devrait permettre d'évaluer rapidement un traitement donné contre le cancer, de façon à pouvoir optimiser le dosage ou donner un autre traitement en cas de non-réponse. Elle pourrait être utilisée également comme une méthode non invasive pour dépister les patients éligibles pour un traitement anticancéreux particulier. »
* 9 mai 2004, DOI : 10.1 038/nbt968.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature