LES MEMBRES du Groupe EBCTG (Early Breast Trialists Collaborative Group) ont entrepris une métaanalyse des études randomisées publiées sur la prise en charge du cancer du sein précoce, pour évaluer les résultats à long terme, loco-régionaux et généraux, et en particulier la survie.
Les nombreux spécialistes qui se sont attelés à la tâche ont trouvé des informations exploitables pour 42 000 femmes dans 78 études randomisées comparant des modes de traitement : radiothérapie versus pas de radiothérapie (n = 25 000) ; exérèse large versus chirurgie plus conservatrice (n = 9 300) ; exérèse large versus radiothérapie (n = 9 300). Au total, 24 types de traitement local ont été identifiés et comparés.
Risque de récidive locale à cinq ans.
Ces traitements ont été regroupés sur la base d'un calcul du risque de récidive locale à cinq ans. En établissant une distinction entre un taux faible de récurrence (inférieur à 10 %, 17 000 femmes) ou fort (supérieur à 10 %, 25 000 femmes), on s'aperçoit que, dans le premier cas, existe également une différence faible concernant le risque de mortalité à quinze ans. On constate, en complément, que dans le deuxième cas (le groupe au fort taux de récidive), chez ces 25 000 femmes, il y en a eu 7 300 traitées par exérèse tumorale conservatrice et faisant partie d'études sur la radiothérapie ; les rayons, dans ces cas, ciblaient généralement le sein conservé. Avec ce type de traitement, le risque de récurrence locale à cinq ans (tumeur, adénopathies axillaires) est réduit de 19 % (7 % versus 26 % pour les contrôles, sans radiothérapie) ; et le risque de mortalité à quinze ans est réduit de 5,4 % (30,5 % versus 35,9 %). Des réductions qui sont hautement significatives.
Le groupe des 25 000 femmes comportait aussi 8 500 patientes ayant eu une chirurgie large : mastectomie élargie aux ganglions axillaires, avec, en cas de présence de ganglions positifs, un traitement par radiothérapie (généralement à la paroi thoracique et les ganglions régionaux). Là aussi le gain de la radiothérapie est manifeste et du même ordre : risque de récidive locale à cinq ans de 6 % versus 23 % (réduction de 17 %), risque de mortalité à quinze ans de 54,7 % versus 60,1 % (réduction du risque de 5,4 %), et réduction de la mortalité totale de 4,4 %. Des résultats qui devraient convaincre les spécialistes qui hésitent à faire une radiothérapie quand le cancer s'est déjà étendu aux ganglions lymphatiques axillaires.
D'une manière générale, la métaanalyse plaide en faveur de la radiothérapie dans la prise en charge d'un cancer du sein à un stade précoce.
Quels que soient l'âge et les caractères de la tumeur.
« La radiothérapie a produit des réductions comparables et proportionnelles des récurrences locales chez toutes les femmes, quels que soient l'âge et les caractères de la tumeur, dans toutes les études importantes où ce moyen de traitement a été comparé à une absence de radiothérapie. »
Pour évaluer des effets secondaires menaçant le pronostic vital, les études sur la radiothérapie comparée à une abstention, ont été combinées aux études comparant la radiothérapie à une chirurgie plus large. On observe avec les protocoles les plus anciens de radiothérapie un excès significatif de l'incidence des cancers du sein controlatéral (rapport des taux de 1,18) et un excès significatif de mortalité non liée au cancer (rapport des taux de 1,12). Ces deux phénomènes s'expriment sur un mode léger pendant les cinq premières années, mais de manière continue et sont encore constatés au delà des quinze ans de suivi. La mortalité supplémentaire est due à des atteintes cardiaques (rapport de taux de 1,27) et des cancers du poumon (rapport des taux de 1,78).
« Dans ces études, l'éviction de la récurrence dans le sein après chirurgie conservatrice et l'éviction de la récurrence ailleurs (paroi thoracique ou ganglions lymphatiques après mastectomie) entretiennent le même rapport avec la mortalité à quinze ans. Les améliorations du traitement local qui modifieraient de manière tangible les taux de récidive locale permettraient, si quatre récidives locales à cinq ans sont évitées, un cancer à quinze ans. Et cela réduirait la mortalité locale », projettent les auteurs.
« The Lancet », 17 décembre 2005, vol. 366, pp. 2087-2106.
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