« Gelsomina », d'après « la Strada »

Une merveilleuse évocation

Publié le 03/07/2007
Article réservé aux abonnés
1276098984F_Img274759.jpg

1276098984F_Img274759.jpg

IL Y A le charme de ce théâtre en bois. Et il y a la joliesse à la fois charmeuse et mélancolique du monde du cirque.

Pierrette Dupoyet, très connue pour toutes les adaptations littéraires qu'elle compose et interprète, en France, partout à travers le monde et à Avignon (elle y sera, « off », et proposera plusieurs rendez-vous), a réussi une vraie transposition. Amie de Federico Fellini et de Giulietta Masina, elle avait reçu l'autorisation de cette traduction-adaptation qui date de 1988 et qui, vingt ans plus tard, touche profondément.

Le jeune Christophe Gauzeran s'en empare avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité. Si l'on devait avoir une petite réserve, toute petite, ce serait de dire aux artistes que la fin traîne un peu en longueur. Petit défaut de jeunesse, de générosité... qui s'en plaindrait puisque, on l'a dit, la comédienne, actrice d'une sensibilité magnifique rappelle, sans la copier, Giulietta Masina et son personnage dans « la Strada ».

Dans l'adaptation, on ne voit jamais le colosse de foire sans scrupule qu'est Zampano, qui a acheté Gelsomina comme il avait acheté sa grande soeur, morte depuis… Le tour de force est que seule, ici, Gelsomina parle.

Des voix « off », des évocations, tout ce que l'on peut imaginer au théâtre sert le propos. Christophe Gauzeran a beaucoup d'imagination, il sait avec rien, presque rien, susciter une atmosphère, donner le sentiment d'une humeur particulière. Il s'appuie sur des lumières très bien dosées de Marc Augustin-Viguier et sur la musique originale de Cyriaque Bellot.

Quant à Juliette Croizat, une Juliette des esprits, elle est exceptionnelle dans la finesse et la profondeur. Suivez-la. Elle vous bouleversera. Et le spectacle s'adresse aux grands comme aux plus petits. Une belle histoire, un très beau spectacle...

Théâtre du Ranelagh, du mercredi au samedi à 21 h et le dimanche à 17 h, jusqu'au 29 juillet. Durée : 1 h 30 sans entracte (01.42.88.64.44).
A 19 h 30 du mercredi au samedi et le dimanche à 15 h, une version burlesque et brève de « l'Affaire de la rue de Lourcine » de Labiche, mise en scène de Jean-Romain Vesperini avec deux acteurs de haute sensibilité, Serge Maggiani et Daniel Berlioux, et trois jeunes doués, Charlotte Léo, Franck Monier, Guillaume Ducreux dans les costumes épatants de Sonia Bosc. Une jolie scénographie de Caroline Schilling et un pianiste au doigté clair, Augustin d'Assignies. Durée : 1 h. Jusqu'au 29 juillet.

> ARMELLE HÉLIOT

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8199