POUR LA PREMIERE fois, le virus H5N1 aurait été isolé dans des prélèvements effectués en 2003 chez des porcs d'une province du sud-est (Fujian) de la Chine. Un prélèvement de 2004 serait également positif. « C'est un signal dangereux en termes de santé publique », a indiqué la directrice du Laboratoire national chinois de recherche sur la grippe aviaire, Chen Hualan, lors d'une conférence sur la prévention de la grippe aviaire et du Sras organisée à Pékin la semaine dernière. Ces révélations ont surpris la communauté internationale : « Durant l'épidémie de grippe aviaire qui s'est déclarée au Vietnam en début d'année, les tests réalisés dans les fermes où les volailles étaient infectées n'ont pas mis en évidence d'infection chez le porc. De plus, les autorités de Hong Kong effectuent régulièrement des contrôles pour vérifier l'absence du sous-type H5 chez les porcs qu'ils importent de Chine. A ce jour, aucune infection n'a été signalée », a affirmé l'Organisation mondiale de la santé. La découverte doit encore être confirmée et l'OMS a demandé des informations supplémentaires car aucune donnée détaillée ou chiffrée n'a accompagné l'annonce de l'expert chinois. Le ministère de l'Agriculture chinois a pour sa part tenté de dédramatiser la situation sans vraiment la clarifier en admettant les résultats de 2003 tout en précisant : « Aucun porc n'a été découvert porteur du virus H5N1 en 2004. »
Selon l'OMS, il est important d'évaluer s'il s'agit de cas sporadiques transmis par contact avec des oiseaux sauvages qui sont un réservoir naturel pour tous les virus influenzae de type A ou si la transmission s'est faite directement des oiseaux domestiques aux porcs.
Risque d'un réassortiment génétique.
Dans ce dernier cas, le risque d'un réassortiment génétique entre le virus de la grippe humaine et le virus de la grippe aviaire, avec le risque d'une nouvelle pandémie comme cela a été le cas en 1957 et 1968. Dans « Nature » du 8 juillet 2004, Li et coll., auteurs d'une étude de génétique comparée sur le virus de la grippe aviaire précisaient : « En raison de la vitesse à laquelle H5N1 a évolué au cours des quatre dernières années, il est à craindre que ce virus acquière rapidement les caractéristiques génétiques permettant sa transmission à l'homme soit par l'intermédiaire de mutation génétique, soit par des événements de recombinaison avec des virus tels que celui de la grippe. Le virus humain H3N2 étant maintenant endémique chez les cochons du sud de la Chine, il pourrait facilement "s'humaniser" chez cet hôte intermédiaire. »
A l'unité de génétique moléculaire des virus respiratoires de l'Institut Pasteur, on suppose que cette étape décisive n'a pas encore été franchie : « Selon les éléments dont nous disposons, il semble qu'il ne s'agit pas d'une circulation massive du virus H5N1 chez le porc, mais plutôt de cas sporadiques comme chez l'homme », indique au « Quotidien » le Pr Sylvie Van der Werf. Mais tout cela devra être précisé et la surveillance épidémiologique chez le porc renforcé afin de détecter et d'éradiquer toute source potentielle.
Les autorités sanitaires françaises (ministère de la Santé, Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins, Institut de veille sanitaire) ont activé le plan de lutte contre une menace grippale à la suite de l'épizootie de grippe aviaire qui sévit au Vietnam, en Thaïlande, en Indonésie et en Malaisie depuis le mois de juillet. « Aucun cas de transmission interhumaine n'a été notifié à ce jour », précise-t-on. Cependant, trois personnes (deux dans le nord du Vietnam et une dans le sud) sont décédées. Des analyses de laboratoire ont identifié la souche H5N1 et les cas ont été confirmés par l'OMS. En revanche, les sept patients malaisiens qui ont subi des tests ont été déclarés exempts de la maladie.
La situation actuelle correspond donc à la phase 0 du niveau 2a du plan (survenue de cas humains à l'étranger sans transmission interhumaine). Les principales mesures de prévention sont consultables sur le site www.sante.gouv.fr. Elles visent notamment l'importation d'oiseaux et de produits d'origine aviaire mise en place par l'Union européenne depuis janvier 2004 pour le Cambodge, la Chine, le Japon, le Pakistan, la Corée du Sud, la Thaïlande et le Vietnam et plus récemment pour la Malaisie. Une cellule interministérielle de gestion et une cellule clinico-épidémiologique d'aide aux professionnels de santé ont été activés. Les recommandations aux voyageurs sont réitérées : éviter tout contact avec les volailles et les oiseaux, c'est-à-dire de ne pas se rendre dans les élevages ni sur les marchés aux volailles et aux oiseaux.
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