Deux études françaises présentées par le Dr Pierre Benhamou montrent, d'une part, que l'allergie aux protéines du lait de vache (APLV) est le plus souvent évoquée devant une symptomatologie digestive et cutanée et, d'autre part, que la fiabilité des patchs-tests prêts à l'emploi au cours des formes retardées est meilleure chez les enfants de moins de 2 ans.
LA PREMIERE ÉTUDE a été menée à partir des données recueillies par 379 pédiatres de ville chez 6 415 nourrissons de moins de 6 mois ayant une symptomatologie clinique évocatrice d'APLV. Des antécédents familiaux d'allergie ont été retrouvés chez 63,3 % des nourrissons. Seulement 4,3 % des enfants présentaient des manifestations systémiques alors que 69,3 % avaient des symptômes digestifs et 49,1 % des symptômes cutanés. Des chiffres qui confirment la fréquence des manifestations digestives et cutanées dans ces allergies.
Plus de deux tiers des enfants (67,7 %) ont été placés d'emblée sous régime, «faisant appel aux hydrolysats poussés dans 55,5% des cas». Deux mille sept cent vingt-trois enfants ont bénéficié de patchs-tests (APT : Atopy Patch Test) prêts à l'emploi (Diallertest) et de dosages des IgE spécifiques au lait de vache. À noter que l'interprétation des APT est délicate et que leur positivité est affirmée non pas sur le seul critère d'un érythème, mais également sur la présence d'une infiltration, de papules et de vésicules.
Simples à réaliser.
Initialement utilisés dans les dermites de contact, puis dans les allergies respiratoires, les APT ont été introduits plus récemment comme outil diagnostique dans les allergies alimentaires, rappelle le Dr Benhamou. «Les APT prêts à l'emploi sont de réalisation simple et adaptée à la pratique médicale quotidienne de pédiatrie.» Leur pertinence dans les formes retardées d'APLV a été évaluée par une étude prospective multicentrique menée sur une série de 58 enfants âgés en moyenne de 34 mois et présentant une symptomatologie évocatrice : des manifestations digestives, allant du reflux gastro-oesophagien aux troubles du transit (29,3 % des enfants), cutanées, essentiellement un eczéma (20,6 %), ou mixtes (50,1 %). Les manifestations immédiates et systémiques étaient un critère d'exclusion.
Les auteurs ont comparé les résultats du Diallertest, des pricks-tests et des IgE spécifiques à ceux du test de provocation orale (TPO), considéré comme le « gold standard » dans le bilan allergologique des allergies alimentaires.
Les résultats ont été analysés sur 38 enfants. Les tests étaient positifs dans 36,8 % des cas pour les APT, 10,5 % pour les pricks-tests et 5,2 % pour les IgE spécifiques. Évaluées par rapport au TPO, leur sensibilité et leur spécificité étaient, respectivement, de 64,8 %, 18,8 et 13,3 de 94,7, 94,4, et 100 %. Les APT avaient des valeurs prédictives positive et négative de 92,9 et 75 %. Pour les deux autres tests, la VPP était de 75 % et 100 % et la VPN de 56,7 et 53,6 %. Le Dr Benhamou fait remarquer que «les résultats des tests étaient similaires quelle que soit la symptomatologie retardée».
En dehors des TPO, les patchs-tests apparaissent donc comme les tests les plus sensibles et les plus spécifiques dans le diagnostic de l'APLV dans sa forme retardée quel que soit l'âge, et en particulier chez les enfants de moins de 2 ans. C'est en effet dans cette population qu'ils ont la meilleure sensibilité (77,8 %) et la meilleure spécificité (100 %).
D'après une communication du Dr Pierre Benhamou, hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Paris.
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