DU REMAKE d'une comédie quasi quinquagénaire (elle date de 1955), very british, à laquelle Alec Guinness a imprimé sa forte personnalité, le pire était à craindre. Il n'est pas arrivé : Joel et Ethan Coen, s'ils n'ont pas une inspiration très personnelle, savent broder d'agréables variations sur des airs cinéphiliques connus.
L'une des bonnes idées de ce « Tueur de dames » 2004 est de situer l'action sur les bords du Mississippi, dans le Sud profond, et de faire de la vieille dame buveuse de thé une mamma noire (Irma P. Hall) fervente de l'église baptiste, qui n'aime rien tant que les gospels. La présentation de la bande de bras cassés que réunit le personnage principal, vaut aussi son lot de beignets. Le jeune noir énervé (Marlon Wayans, l'un des frères surdoués de « Scary Movie », qu'il a co-écrit et interprété), le touche-à-tout qui ne maîtrise rien (J.K. Simmons), l'ex-général sud-vietnamien et le joueur de football aux gros muscles et au petit cerveau (Ryan Hurst) ont chacun leur emploi comique, comme dans une pièce de Molière.
Le meneur de jeu incarné par Tom Hanks est un supposé professeur de latin-grec qui aime à citer Edgar Poe. « J'ai abordé ce film comme on le fait avec les grands classiques du théâtre, explique l'acteur : jouer "Lady Killers", c'est un peu comme réinterpréter Richard III. » Toujours très professionnel, il a travaillé l'apparence, bouc et petite moustache à la Napoléon III, la diction, du genre shakespearienne avec des mots américains, les mimiques, juste ce qu'il faut pour ne pas tomber dans la caricature.
C'est du travail de haute précision comme l'est celui des frères Coen. La mécanique du comique n'a pas de secret pour eux. Ils ont désossé le scénario original pour concocter un nouveau plat aux saveurs épicées. Un plat dans lequel ils n'ont pas oublié un ingrédient d'importance, la musique. La bande originale a été confiée au musicien de blues T Bone Burnett, qui mêle des gospels traditionnels des années 1930-1950 à du hip-hop contemporain.
« Lady Killers » n'a pas de message à délivrer et n'est rien d'autre qu'un divertissement. Un excellent divertissement pour qui n'est pas ennemi du burlesque. Il a valu à Irma P. Hall un étrange prix du jury partagé avec l'exigeant film thaïlandais « Tropical Malady ».
« Lady Killers », de Joel et Ethan Coen
Une mécanique de haute précision
Publié le 08/06/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7556
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