EN GRÈVE DES GARDES et des astreintes depuis près de deux semaines, internes, chefs et étudiants ont décidé de durcir leur mouvement pour contester la remise en cause de la liberté d'installation contenue dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2008.
Lors de la « journée sans internes » de vendredi, plusieurs manifestations ont été organisées dans les grandes villes de l'Hexagone. Un footing a rassemblé un millier de personnes à la place de la Bastille, à Paris. A Marseille, 200 à 300 internes en blouse blanche se sont rassemblés sur le Vieux-Port pour prodiguer des conseils aux passants. A Lyon, une marche a rassemblé de 600 à 700 personnes. La mobilisation commence à gagner du terrain. Le ministère de la Santé évalue à 50 % leur participation à la grève, tandis que les organisateurs estiment qu'elle approche 80 %. En marge d'une visite dans la cité rhodanienne, Roselyne Bachelot a indiqué qu'elle restait attachée àla liberté d'installation, «principe irréfragable».
L'argument démographique.
Jeudi et vendredi, la ministre de la Santé a reçu les délégations des internes, des chefs et des étudiants. «Je leur ai dit qu'il y avait des problèmes de démographie médicale dans notre pays, ce dont ils ont bien voulu convenir», a-t-elle ajouté. La ministre de la Santé a réaffirmé qu'elle était ouverte à la négociation et qu'elle souhaitait la tenue d'états généraux consacrés à la démographie médicale et aux conditions d'installation, sans préciser quand ces discussions pourraient se tenir. Une nouvelle réunion pourrait être organisée au ministère de la Santé cette semaine avec l'ensemble des organisations. Déçus de la tournure des événements, les internes, chefs et étudiants ont programmé une journée nationale d'action jeudi à Paris. «Nous avons réaffirmé à la ministre de la Santé les raisons qui nous poussent à refuser le conventionnement sélectif, explique Charles Mazeaud, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Nous refusons de nous voir imposer notre lieu d'installation. Si on touche à ce pilier de l'exercice libéral, les étudiants ne voudront plus vouloir l'exercer».
Les internes des hôpitaux (ISNIH) et de médecine générale (ISNAAR-IMG), les chefs de clinique (ISNCCA), les jeunes généralistes (SNJMG) et les étudiants (ANEMF) n'entendent pas en rester là. «Nous voulons le retrait de ces mesures, affirme Charles Mazeaud. Tant qu'elles ne seront pas enlevées du PLFSS, nous resterons mobilisés et nous ne lâcherons rien.» Tous ces futurs médecins ont signé une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy dans laquelle ils lui demandent un rendez-vous commun. «Les mesures de déconventionnement en fonction de la densité médicale conduisent à la désaffection des professions libérales, surtout la médecine générale déjà durement touchée par une crise des vocations», écrivent les associations au président de la République.
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