Ne trouvant pas de nouveau médecin généraliste, Limerzel, petite commune du Morbihan, a troqué l’annonce classique pour un clip diffusé sur les réseaux sociaux.
Fin mars, le Dr Éric Plancke, seul médecin généraliste en exercice sur Limerzel, 1 350 habitants, a décroché sa plaque pour prendre sa retraite. Ses recherches pour trouver un successeur n’ont rien donné.
Aucun candidat à la reprise de patientèle, pas plus de volontaire pour s’installer dans la toute nouvelle maison médicale qui a ouvert ses portes au début de l’année. « Comme nous avions eu la chance de voir un habitant de Limerzel investir à titre privé dans ce bâtiment, nous avons considéré qu’en contrepartie, il revenait à la mairie de se démener pour trouver un successeur », explique Serge Lubert, adjoint au Maire en charge du dossier.
L’idée émerge alors de se démarquer des autres communes qui cherchent elles aussi à attirer un médecin. « Nous avons constaté que souvent, quand les élus étaient invités à s’exprimer sur le sujet dans la presse locale, c’était pour déplorer l’absence de remplaçant, analyse Serge Lubert. Nous avons pensé qu’il fallait au contraire porter un message positif qui mette en avant les atouts de la proposition. »
Trois minutes pour faire le buzz
La piste d’un cabinet de recrutement est rapidement écartée. Les élus de Limerzel retiennent l’idée de tourner un clip vidéo, avec l’aide d’une agence de communication et d’un réalisateur professionnel. Construit sur un ton qui se veut humoristique, ironique même (plusieurs scènes montrent les conséquences d’une commune sans médecin, avec par exemple un enfant qui se casse un bras et qui est pris en charge par un plâtrier, une couturière qui pose trois points de suture à un jeune footballeur blessé... ), le film de trois minutes est censé créer le « buzz » et attirer l’attention d’un médecin.
« Nous avons pensé que l’installation ici pouvait notamment intéresser un médecin déjà expérimenté qui aurait envie de changer de lieu de vie, souligne l’élu. Nous sommes près de la mer (20 minutes), de Vannes (30 minutes) et même de Nantes (45 minutes) et Rennes (1 heure). Il est tout à fait possible de concilier vie professionnelle et vie privée. »
Cette initiative est suivie de près par les médecins voisins. « Depuis le départ de notre confrère de Limerzel, nous devons accepter de nouveaux patients car on comprend le désarroi des habitants, mais nous sommes inquiets pour cet hiver, confie le Dr Nathalie Kerner, qui exerce en cabinet avec son mari et une collaboratrice à Malansac, à une dizaine de kilomètres. On est obligés d’évaluer plus strictement les critères d’urgence, de différer certains actes de renouvellement, de demander à certains patients âgés, habitués à recevoir la visite du médecin, de se déplacer jusqu’au cabinet… » L’inquiétude s’accroît avec le départ dans les tout prochains jours d’un autre médecin du secteur.
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