EN ÉCOUTANT cette version de Didier Long, d’une radicalité passionnante, on a le sentiment que certains adaptateurs ont adouci les expressions de la jeune fille... et la violence de sa parole. Peut-être. Ce qui importe, c’est le spectacle que vous allez découvrir, dans la sobriété de moyens non dispendieux. Une scénographie dépouillée, simple espace pour trois acteurs qui flambent. Un rythme excellent qui laisse bien transparaître ce qu’il y a de fatal en cette nuit de la Saint-Jean, nuit de folie. Didier Long est un metteur en scène exact. Il ne fera jamais faire des gestes faux aux comédiens, mais il a de l’audace. Il a un sens des traductions par le corps des débats terribles qui déchirent les personnages. Avec « Mademoiselle Julie », il a du grain à moudre...
Bruno Wolkowitch est tout à fait bien dans le rôle difficile de Jean. Il a le charme qui importe et incarne avec subtilité la gaucherie de cet homme, cet employé du père de Mademoiselle Julie... Très bien, très juste. Vraisemblable et précis. Christine Citti est une comédienne de talent profond que l’on est heureux de retrouver au théâtre. Elle est aussi fine que belle, présence forte, intelligence, sensibilité. C’est remarquable. Et puis il y a celle qui est toujours la jeune, la débutante, celle qui a moins de métier. Elle est époustouflante. Emilie Dequenne est une actrice immense, elle donne la chair de poule tant on ressent la puissance de son émotivité. Elle est belle. Quelque chose de la jeune Edwige Feuillère. Une beauté royale, une ultra sensibilité, une capacité à transmettre ses émotions, des moyens, une belle voix, une grâce. Une femme et une enfant en elle. On est subjugué. On y croit. On tremble et l’on s’émeut, on pleure pour cette Mademoiselle Julie.
Théâtre Marigny, salle Elvire-Popesco, du mardi au samedi à 21 h, en matinée le samedi à 16 h (jusqu’au 30 avril) et le dimanche à 16 h. (01.53.96.70.20). Durée : 1 h 50 sans entracte.
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