Trois pompiers brûlés vifs dans leur camion cerné par les flammes, lundi soir à Cogolin (Var), alors qu'ils combattaient l'incendie du massif des Maures. Trois victimes qui s'ajoutent à celles des précédents drames qui ont frappé les soldats du feu ces dernières années. Vingt-trois morts en tout depuis 2000 (voir encadré).
C'est peu dire que, dans un tel contexte, la loi de modernisation de la sécurité civile, des services d'incendies et de secours et des sapeurs-pompiers est très attendue. Nicolas Sarkozy la présentera cet automne aux députés. Le texte a déjà fait l'objet de nombreux forums et débats en interne pour essayer d'intégrer la chronique des catastrophes en tout genre vécues en France : tempêtes de 1999, naufrage du « Prestige » et de « l'Erika », explosion de l'usine AZF à Toulouse, inondations du Gard, menaces terroristes en tous genres. Et, bien sûr, canicule et feux de forêts de cet été.
Démarche préventive
« L'ambition première de ce projet de loi sera avant tout de faire de la sécurité civile l'affaire de tous », a expliqué le ministre de l'Intérieur. Qu'il faille en effet propager dans le public la culture du risque, sensibiliser dès l'école et le collège à la prévention des accidents de la vie courante et généraliser l'apprentissage des premiers gestes qui sauvent, voilà des objectifs faits pour rallier tous les suffrages urgentistes.
D'autant que le texte veut s'appuyer sur cette démarche préventive pour relancer la politique du volontariat. « Nous travaillons pour que l'an prochain il y ait un bac professionnel de sécurité civile, ce qui encouragera le volontariat des jeunes », a précisé le ministre, souhaitant « qu'on puisse s'engager dans les sapeurs-pompiers volontaires dès 16 ans, et ne pas attendre 18 ans. »
Car le volontariat est le nerf de la guerre des soldats du feu : parmi ces 236 689 civils, les volontaires forment en effet un bataillon de 193 605 hommes et femmes, soit huit pompiers sur dix. Ils constituent l'ossature principale des secours dans notre pays, remplissant leur mission en plus de leur métier, de leurs études et de leur vie familiale. Tel était d'ailleurs le cas de deux des trois pompiers brûlés vifs sur une route du massif des Maures.
8 000 médecins volontaires
Parmi ces volontaires, les effectifs du Service de santé et de secours médical des sapeurs-pompiers (SSSM) sont logés à la même enseigne : 8 000 médecins, travaillant par ailleurs comme libéraux ou hospitaliers, 400 pharmaciens, 140 vétérinaires et 600 infirmiers sapeurs-pompiers. Tous des volontaires jusqu'à la parution du décret en date du 16 octobre 2000, signé Lionel Jospin, qui crée le corps des professionnels de santé des pompiers. Recrutés par voie de concours administratifs, ils sont aujourd'hui 88 médecins, 37 pharmaciens et 61 infirmiers.
C'est ainsi que depuis deux ans, la plupart des départements sont dotés d'un emploi de médecin-chef professionnel, pour diriger le service de santé et de secours médical du service départemental d'incendie et de secours. A l'origine, leurs missions se cantonnaient au soutien sanitaire des sapeurs-pompiers et aux soins prodigués aux victimes d'asphyxie. Aujourd'hui, elles se sont étendues avec le développement de tous les risques supportés par les sociétés modernes : risques naturels, technologiques, risques liés aux transports et aux loisirs.
Sans que soit pour autant négligée la surveillance des troupes : médecine professionnelle et d'aptitude, soutien sanitaire des interventions, soins d'urgence, enseignement du secourisme.
Pour mener la réflexion sur l'organisation, le ministère de l'Intérieur s'est même doté d'un comité technique santé, composé de 12 médecins, 2 pharmaciens, 2 vétérinaires et 2 infirmiers. Il s'est réuni pour la première fois le 6 juin dernier et a créé neuf groupes de travail sur différents sujets.
Un seul plan ORSEC
Le projet de loi de modernisation va aussi tailler dans les procédures d'urgence. Aujourd'hui, en effet, ne coexistent pas moins de 47 plans d'urgence et de secours spécifiques. Avec le nouveau texte, ne subsistera qu'un plan unique de référence, le plan ORSEC (ORganisation des SECours), qui comportera des éditions particulières selon les familles de risques.
Toujours au plan de l'organisation, l'accent sera mis sur la départementalisation des services d'incendie et de secours (SDIS), qui seront dotés du statut d'établissements publics locaux, gérés par les conseils généraux avec la participation des communes, avec, pour exercer la solidarité nationale en faveur des départements les plus sinistrés, la création d'établissements publics interdépartementaux d'incendie et de secours (EPIDIS).
Un effort financier, enfin, est promis pour doter chaque SDIS des indispensables équipements de protection et de décontamination nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique.
Cette réforme des SDIS est-elle une modernisation ou un replâtrage ? Les mesures proposées pour la sauvegarde, la fidélisation et la reconnaissance du volontariat sont-elles adaptées aux enjeux ? Bref, le projet de loi de modernisation de la sécurité civile répond-il de manière adaptée aux risques contemporains ? Autant de questions qui seront débattues lors des forums du congrès national de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), organisé du 24 au 27 septembre. C'est ce parterre encore sous le coup de l'intense émotion suscitée par les trois morts de Cogolin que le ministre de l'Intérieur tâchera de convaincre. Avant de présenter sa copie au Parlement.
Des ouvriers, des employés, des étudiants et des militaires
La majorité des 193 605 pompiers volontaires est composée d'employés et d'ouvriers (55,6 %). Les lycéens et les étudiants constituent aussi une part importante de l'effectif (12,7 %).
Dans le secteur privé, 67,7 % de ces volontaires exercent une activité professionnelle, 59,9 % en tant que salariés (30,2 % dans des entreprises de plus de 50 salariés, 14,5 % dans des entreprises de 10 à 49 salariés et 15,2 % dans des entreprises de moins de 10 salariés). 7,8 % ne sont pas salariés.
20,3 % des sapeurs-pompiers volontaires sont des agents du secteur public (6,7 % des agents de l'Etat, 10,6 % des agents territoriaux et 3 % des agents hospitaliers).
Le taux des demandeurs d'emploi est de 8,2 %.
Paris, avec ses quatre départements limitrophes, et Marseille constituent deux exceptions de recrutement, puisqu'ils recourent à des effectifs exclusivement militaires (brigade des sapeurs-pompiers de Paris et bataillon des marins-pompiers de Marseille, respectivement 7 300 et 1 550 hommes).
L'Etat dispose, en outre, de renforts nationaux à caractère militaire mis à disposition du ministère de l'Intérieur : les trois unités d'instruction et d'intervention de la sécurité civile basées à Nogent-le-Rotrou, Brignoles et Corte, qui regroupent en tout 1 500 sauveteurs.
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