0.826.004.580 : depuis le 1er juin 2005, ce numéro de téléphone*, qui fonctionne 24 heures/24, 365 jours par an, permet aux médecins libéraux franciliens en souffrance d'entrer directement en contact avec un psychologue clinicien, formé à l'accompagnement par téléphone. Ce dispositif d'écoute et de soutien a été mis en place par l'Association d'aide professionnelle aux médecins libéraux (Aapml), dans un premier temps en Ile-de-France (une extension à la région Paca est prévue), en partenariat avec la société Psya et grâce à une subvention du Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (Faqsv). Ses promoteurs sont aujourd'hui à la recherche de sponsors.
L'objectif affiché était de «briser la spirale infernale du burn-out», cette pathologie qui frappe de plus en plus de praticiens libéraux dans leur exercice et se caractérise par un épuisement émotionnel, une réduction de l'accomplissement personnel (perte de l'estime de soi) et une tendance à dépersonnaliser ses patients. En 2006, quelque 350 praticiens libéraux auraient eu recours à cette assistance par téléphone (soit une trentaine par mois). Le Dr Régis Mouries, médecin généraliste et président de l'Aapml, précise qu'il s'agit essentiellement de généralistes installés en secteur I mais «de tous les âges». Selon l'Aapml, «l'outil téléphonique permet à l'appelant de conserver son anonymat total et d'avoir une écoute (professionnelle) dès qu'il le désire, sans différer son besoin de parole en prenant un rendez-vous avec un psy en libéral». Un avantage non négligeable alors que nombre de médecins déprimés hésitent, notamment en province, à consulter un confrère et préfèrent rester «dans leur coin».
Le médecin peut rappeler le service jusqu'à cinq fois de suite. Mais il n'est pas question ici de commencer une psychothérapie par téléphone : si une prise en charge psychologique plus poussée est nécessaire, le «médecin-patient» est adressé vers un psychologue clinicien du réseau.
Stress, contraintes administratives, surcharge de travail.
Depuis le début des années 2000, divers travaux ont montré le mal-être croissant des médecins de ville, les conséquences négatives pour la relation avec les patients et donc la qualité des soins. Une étude réalisée par l'Urml de Bourgogne en 2001 (confirmée en Champagne-Ardenne en 2002) a révélé que plus de 40 % des médecins interrogés se disent atteints d'épuisement émotionnel et que plus d'un tiers d'entre eux ont tendance à ne plus considérer leurs patients comme des personnes. Egalement étudié en 2003 pour le Conseil national de l'Ordre des médecins, le taux de suicide chez les médecins libéraux français actifs s'élevait à 14 % (69 suicides sur 492 décès en cinq ans), bien supérieur à celui de la population générale (5,6 %) dans la tranche d'âge considérée (de 35 à 65 ans). Quant aux journées indemnisées par la Carmf (arrêt de plus de trois mois), elles ont progressé de 12 % en 2001 et de 6,5 % en 2002. La thèse de Gleizes et Razavet (2001), qui s'appuie sur une étude réalisée auprès d'un millier de médecins de Paris et de Haute-Garonne, montre que les sources de stress les plus importantes sont l'interface vie professionnelle/vie privée, la demande de l'entourage de patients, les contraintes administratives et la frustration.
* 0,15 euro la minute.
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