Dans l'édition datée du 16 septembre 2003, n°7383, « le Quotidien du Médecin » a publié, en page 16, un article sur la stimulation ovarienne entaché d'un très grand nombre d'inexactitudes que nous ne pouvons laisser en état.
1. L'utilisation de la forme grammaticale évoquant le passé (« étaient issues ») pour rappeler l'existence des gonadotrophines d'extraction urinaire (FSH/LH), suggérant ainsi que les médicaments d'extraction urinaire n'existent plus sur le marché, est inadmissible. En effet, depuis plusieurs années, une nouvelle génération d'hMG (associant la double activité FSH et LH) hautement purifiée est disponible sur le marché.
2. La présentation des différentes « hormones sexuelles », médicaments inducteurs de l'ovulation, axée sur le procédé de fabrication (recombinant ou extractif) est obsolète et biaisée.
• A ce jour, de nombreux travaux récents (1) ainsi que la prise de position d'organisme scientifique de grande notoriété (NICE) (2) s'accordent pour conclure que toute allégation, liée à l'avantage supposé du mode de production des produits recombinants, ne se traduit pas par un avantage clinique démontré par rapport aux médicaments d'extraction urinaire.
• De plus, cette présentation omet de décrire la réelle différence des gonadotrophines, différence qui se situe sur le plan des propriétés pharmacologiques, entre celles ne possédant que la seule activité FSH et celle possédant la double activité FSH et LH.
3. Le fait de justifier le développement des produits recombinants par le besoin croissant en quantité de gonadotrophines, sous-entendant une situation de pénurie en produits urinaires, n'est pas fondé pour les gonadotrophines. A notre connaissance, cela n'a jamais été la réalité. L'approvisionnement en « hormones urinaires » a toujours été suffisant pour répondre à la demande en France et à l'étranger.
4. L'unique référence à une métaanalyse qui compare les produits recombinants à des produits qui n'existent plus sur le marché, illustre le caractère pernicieux de cet article. En effet, cet article laisse entendre que le résultat de cette métaanalyse pourrait s'appliquer aux médicaments disponibles ce jour et en particulier à notre spécialité Menopur, hMG hautement purifiée, ce qui est faux.
A ce propos, il est bon de rappeler les conclusions de travaux de qualité reconnue et récents :
- La plus large étude (3) prospective internationale (727 patientes), réalisée dans ce domaine et évaluant le taux de grossesses cliniques, qui montre que l'hMG hautement purifiée (Menopur) est au moins aussi efficace que les FSH recombinantes avec un profil de tolérance comparable.
- La métaanalyse (4) de la Cochrane Library (Van Wely - 2003), confortée par la position récente du NICE (2), qui stipule :
• l'absence de différence significative, entre les 2 types de traitement (FSH recombinantes et hMG, en termes de grossesses évolutives ou de naissances vivantes par femme bénéficiant d'une FIV ;
• avec néanmoins, dans le cas de protocole long après désensibilisation hypophysaire par agoniste GnRH, une différence significative (borderline) du taux de grossesses cliniques en faveur de l'hMG.
5. Enfin, l'allégation des avantages théoriques de la nouvelle unité de dosage des gonadotrophines recombinantes (filled by mass), différente de l'Unité Internationale en activité biologique qui demeure la seule référence de dosage reconnue, est excessive. En effet, il est peu rigoureux sur un plan scientifique de revendiquer de avantages cliniques au vu de la conclusion d'une seule étude de faible puissance, et étayés, à ce jour, par aucune démonstration scientifique validée.
Par la présente, mon propos n'est pas de tenir un discours antimédiatique et anticoncurrentiel, mais d'exercer une vigilance critique et objective sur l'information transmise au corps médical, qui se doit complète, actuelle et vérifiable. Rectifier une telle accumulation d'erreurs, d'approximations et d'insinuations fallacieuses est le rôle que tout acteur de la santé se doit de tenir.
(1)Al Inany H. et al : « Meta-Analysis of Recombinante versus Urinary-Derived FSH : An Update ». « Human Reproduction », 2003 : vol. 18, n° 2, p. 305-313.
(2) NICE (National Institut Clinical Execellence) : Fertility Guideline - Assessment and Treatment for People with Fertility Problems : Second Draft for Consultation Site Internet de NICE.
(3) The European and Israel Study Group on Highly Purified Menotropin versus Recombinant Follicle-Stimulating Hormone (Diedrich) : « Efficacy and Safety of Highly Purified Menotropin versus Recombinant Follicle-Stimulating Hormone in In vitro Fertilization/Intracytoplasmic Sperm Injection cycles : A Randomized, Comparative Trial ». « Fertility and Sterility », Sept. 2002 : vol. 78, n° 3, p. 520-528.
(4) Van Wely M. et al : « Human Menopausal Gonadotrophin versus Recombinant Follicle Stimulation Hormone for Ovarian Stimulation in Assisted Reproductive Cycles ». « The Cochrane Library », 2003, issue 1.
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