Coloscopie virtuelle

Une lettre de la Sfed

Publié le 13/01/2004
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L'ARTICLE paru dans « le Quotidien » du 4 décembre 2003, et rendant compte d'un article du « New England Journal of Medicine » (Nejm), et intitulé : « Dépistage du cancer colique : la coloscopie virtuelle gagne du terrain » appelle quelques commentaires de la part de la Société française d'endoscopie digestive (Sfed).
Tout d'abord, le terme de « coloscopie virtuelle », employé par les auteurs de l'article du « Nejm » est un terme ambigu entretenant une confusion car elle n'est en rien une endoscopie. La « coloscopie virtuelle » se réfère à une méthode radiologique par les rayons X qui inclut également la tomodensitométrie, et l'imagerie par résonance magnétique assistée par ordinateur pour produire des images virtuelles du côlon.
Dans cet article du « Nejm », les partisans de la « coloscopie virtuelle » recommandent cette dernière comme une alternative à la coloscopie standard.
Cependant, celle-là requiert une préparation encore plus rigoureuse que la coloscopie standard et, de ce fait, est rarement optimale. Au cours de la coloscopie standard, il est possible d'aspirer les résidus coliques liquides gênant la qualité de l'exploration et de faire la différence avec des matières adhérentes à la paroi. Ce n'est pas possible pour la « coloscopie virtuelle », les résidus coliques donnent des images qui peuvent simuler un polype nécessitant secondairement une coloscopie pour vérification.
Surtout, lorsqu'un véritable polype ou une autre lésion sont détectés, une coloscopie standard est nécessaire pour exérèse ou biopsies augmentant ainsi sensiblement le coût pour la collectivité et les désagréments pour le patient.
A l'heure actuelle, il n'y a pas d'étude clinique suffisante autorisant à préconiser la « coloscopie virtuelle » pour l'exploration des patients avec des symptômes en relation avec une origine colique ou pour le dépistage en routine du cancer colique. Bien que l'étude récente, parue dans le « Nejm » par le groupe de Walter Reed Medical Center, apporte des résultats encourageants, il faut souligner que ceux-ci n'ont été obtenus que dans le cadre d'un protocole de recherche et ne sont pas applicables en usage courant.
En revanche, il a été clairement démontré que la coloscopie standard est efficace pour la détection des cancers au début et des lésions précancéreuses du côlon. De plus, il a été prouvé (The National Polyp Study) qu'une coloscopie périodique avec exérèse des polypes prévenait l'apparition du cancer colo-rectal. Un tel bénéfice n'a pas été mis en évidence pour la « coloscopie virtuelle ».
Par conséquent, même si la « coloscopie virtuelle » peut être une méthode, dans l'avenir, pour l'exploration du côlon, la Société française d'endoscopie digestive ne peut actuellement recommander son utilisation pour le dépistage du cancer colique et des lésions précancéreuses.
La publicité faite autour de cette technique est prématurée et les patients qui choisiraient cette méthode s'exposent à un risque de faux négatifs, de faux positifs et à des investigations supplémentaires qui auraient pu être évitées.

>La Sfed

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7455