C'EST UN ETRANGE moment. Et ,disons-le, difficile. « Cap au pire » a été écrit en 1982 par le grand écrivain, qui avait reçu le prix Nobel en 1969. Il ne l'avait pas traduit, au contraire de ce qu'il faisait le plus souvent, de sa langue maternelle au français, ou inversement. C'est un texte de dénuement extrême, un texte de peu de mots, toujours repris, un texte qui tient en peu d'images. Toujours repris, les mots, toujours revenant, les images.
Edith Fournier a composé la version française de ce texte qui, en anglais s'intitule « Worstward Ho ». Sami Frey la lit. C'est l'un des spectacles proposés dans le cadre du centenaire de l'écrivain décédé en 1989.
Sur le plateau du théâtre de l'Atelier plongé dans le noir, surgit l'homme en noir. Un très beau ténébreux qui subjugue par son charme, sa voix très douce au timbre reconnaissable entre mille. On aperçoit l'écran d'un ordinateur qui brille dans la nuit du plateau. Il est déposé aux pieds du comédien, assis sur une chaise, au milieu du plateau. Il va lire le texte, une heure durant ou un tout petit peu plus. Un texte difficile, répétons-le, un texte que l'on ne saisit pas très clairement. Des images surgissent, des images s'effacent, reviennent. On a le sentiment d'une navette relancée sur le grand métier à tisser d'un artisan céleste. Cela parle de la vie et au-delà. C'est ancré dans le monde, le monde quotidien des joies et des peurs, c'est lié au ciel qui se tait et dans lequel on projette nos rêves, nos espérances, nos terreurs. C'est un texte un peu décharné, comme si, à la fin, très peu de mots et très peu de souvenirs suffisaient à combler le sens d'une vie.
Difficile de comprendre ce qu'apporte exactement la présence de l'écran plutôt que des pages qu'on lirait dans un livre. Mais le charme agit. Musicalement, comme les mots lancés dans la nuit du théâtre.
Théâtre de l'Atelier, à 19 h, du mercredi au dimanche. Pour trente représentations exceptionnelles. Durée : 1 h 10 (01.46.06.49.24). Les écrits de Samuel Beckett sont publiés par les Editions de Minuit.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature