C’est la quatrième journée de « mobilisation » des « généralistes en colère » depuis mars et probablement un tournant. En annonçant la consultation à 23 euros pour 2011, Nicolas Sarkozy a un peu compliqué la tâche de MG France, Union Généraliste, Union collégiale, le SNJMG et le SMG. Mais ceux-ci comptent tout de même capitaliser sur la mobilisation non négligeable et parfois inattendue des précédentes journées pour lancer la campagne des élections aux URPS de fin septembre. Les promesses n’engagent que ceux qui veulent bien y croire, martèle l’intersyndicale pour que le soufflé ne retombe pas trop vite. Au plan national, elle a cependant hésité à lancer des consignes trop ambitieuses, la fièvre était loin d’être au même niveau partout. « Toutes les initiatives locales des médecins généralistes seront soutenues » dit Claude Leicher, président de MG France. Claude Bronner reconnaît l’existence de « débats internes sur le terrain » sur l’opportunité d’actions coup-de-poing. « Fermer son cabinet arrange les caisses mais gène les patients, faire du stylo lourd creuse le trou de la Sécu » résume-t-il. La grève semble aujourd’hui plus mise en avant par MG France que par UG. Les jeunes du SNJMG ont déposé un préavis u nom des internes mais n’appellent pas massivement à l’arrêt de travail.
En réalité, depuis le début, l’ampleur du mouvement est extrêmement variable. Entrent naturellement en ligne de compte l’implantation plus ou moins importante et ancienne de MG France et/ou d’Union Généraliste et la présence de leaders de la contestation. Certains départements se sont lancés depuis deux ans dans un bras de fer judiciaire pour l’obtention du droit au CS. Tous ces conflits longs laissent des traces. De plus, très souvent des problèmes locaux réveillent la « grogne ». Il peut s’agir de conflits larvés avec la Sécu (mises sous ententes préalables ou de fortes pénalités, comme cela a été le cas dernièrement d’un généraliste toulousain condamné sans procès à payer plusieurs milliers d’euros à sa CPAM), de conflits avec l’État (réquisitions préfectorales comme c’est par exemple encore très régulièrement le cas en Vendée notamment pour une jeune femme enceinte de huit mois réquisitionnée pour la nuit profonde), voire avec la justice (généraliste de la région lyonnaise placé en garde à vue pour le simple motif d’avoir prescrit une centaine de boîtes de Cytotec sur un an, alors qu’il avait l’habitude de recourir à cet antiulcéreux plutôt qu’un autre). Sans compter le souvenir de la campagne de vaccination contre la grippe A qui a connu des ratés plus ou moins importants selon les départements.
Un appel diversement suivi
Ainsi, on ne sera pas étonné que l’appel à la mobilisation de ce vendredi soit très diversement suivi. En Rhône-Alpes,« Seule la grève est médiatique et permet d’informer la population » estime l’intersyndicale. Un rassemblement régional est prévu à 11 heures à Lyon devant le siège de l’ARS. « Nous manifesterons ensuite jusqu’à la préfecture, précise Florence Lapica, présidente de MG Rhône. Nous attendons au moins deux cents personnes ». Pour l’Aquitaine, une manifestation aura également lieu devant l’ARS à Bordeaux en fin de matinée. « Pour manifester notre ras-le-bol, nous allons mettre en scène un déplaquage symbolique devant l’ARS » annonce Bernard Pledran, délégué régional de MG France. En Ile-de-France, manifestation régionale également mais changement de décor. Le 20 mai, l’intersyndicale avait déposé une « gerbe » devant l’ARS à Paris. Cette fois-ci, les manifestants se retrouveront devant la CNAMTS. « Un barbecue sera installé et nous proposons aux généralistes de venir avec leur pique-nique » appelle Jean-Paul Hamon, co-président d’UG. En Basse-Normandie, un rassemblement est prévu à 14 heures devant la CPAM de Caen alors que de nombreux généralistes MG France ont prévenu leurs patients que les cabinets seront fermés, selon Jacques Battistoni, délégué régional. « Il y a un mouvement important dans la région sur la télétransmission, explique ce vice-président de MG France. Nous allons donc déposer en groupe nos feuilles de soins papier ». En Bretagne, région d’où la contestation est partie en mars dernier, on commence à changer de braquet. « Il y a un appel à la fermeture, rapporte Elisabeth Hingant, déléguée régionale MG France. Mais aujourd’hui, le plus important est d’expliquer les raisons de notre ras-le-bol, notamment à nos patients ». Pour elle, la mobilisation commence à porter ses fruits : MG France enregistre régulièrement de nouvelles adhésions. Un pique-nique est néanmoins organisé vendredi devant la CPAM de Vannes pour marquer le coup. La veille, les généralistes du Morbihan où le TASS a autorisé l’un d’eux à coter en CS, auront organisé une après-midi de rencontre avec les représentants locaux du CISS. « Nous ne voulons pas que notre mouvement apparaisse comme quelque chose de corporatiste », souligne Élisabeth Hingant. Il demeure que la journée sera aussi l’occasion de compter une dernière fois ces troupes.
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