LE SYNDROME d'apnées du sommeil (SAS), reconnu depuis 1976, a déjà fait l'objet de nombreuses recherches cliniques et thérapeutiques. Cependant, affirme la Ffair, « la France a encore quelques longueurs de retard. Il faut informer et sensibiliser les citoyens, les chauffeurs professionnels, mais aussi les médecins et les pouvoirs publics aux dangers des troubles de la vigilance. » Car l'impact de la somnolence diurne sur l'activité professionnelle, la conduite automobile et la qualité de vie est majeur.
Après le succès de la première édition d'octobre 2003, la Ffaair organise, au centre des Congrès d'Angers, une deuxième journée nationale des apnées du sommeil, le samedi 18 septembre. Professionnels de santé et experts juridiques informeront le public sur la maladie, ses conséquences, son dépistage et son traitement. Chaque intervention sera suivie d'un débat avec le public. La « journée n'est pas uniquement un rassemblement de patients, c'est une mise au défi de la médecine face à la particularité de ce syndrome », précisent les organisateurs. Tout au long de programme, la parole du patient sera donc « valorisée, afin qu'elle trouve une place pertinente dans la relation médecin-malade ». L'objectif est de rapprocher patients et experts pour une meilleure prise en compte du difficile vécu. Un sondage dans la salle sur le degré de satisfaction des malades et leur entourage, quant aux prestations reçues, aux conseils proposés, à la place accordée à leurs expériences de patients, ouvrira la séance du matin.
Méconnue et sous-diagnostiquée.
Près de trois millions de personnes sont touchées par la maladie, même si la plupart d'entre elles l'ignorent. Car, en dépit de sa fréquence, la maladie est méconnue et sous-diagnostiquée, et souvent décelée plusieurs années après l'apparition des premiers signes, « quand ce n'est pas plus tragiquement après un premier accident de la route ».
Le syndrome se caractérise par des arrêts intermittents de la respiration pendant le sommeil, qui peuvent durer de 60 à 90 secondes et se répéter jusqu'à 30, voire 500 fois par nuit. Les hypoxies diurnes qui en découlent sont responsables des microréveils qui nuisent à la qualité du sommeil et perturbent les systèmes régulateurs de l'organisme. Les patients ont deux fois plus de risque d'hypertension artérielle, trois fois plus de risque d'insuffisance cardiaque et quatre fois plus de risque d'accidents vasculaires.
L'hypersomnolence diurne est le symptôme d'alerte qui doit faire évoquer le diagnostic. Associée à une fatigue excessive, elle est très invalidante et entrave la vie sociale et professionnelle du patient. Elle est particulièrement dangereuse lors de la conduite automobile. L'hypovigilance, quelle que soit son origine, est une contre-indication à la conduite, et on sait qu'entre 30 et 35 % des accidents mortels sur autoroute sont dus à une somnolence. Les chauffeurs professionnels sont les plus exposés. Est-il envisageable de leur interdire la conduite ou « faut-il instaurer comme aux Etats-Unis un examen polygraphique du sommeil systématique à tous les chauffeurs professionnels au cours de leur formation, afin de dépister et de traiter les SAS », s'interroge d'ailleurs la Ffaair.
La polysomnographie et la polygraphie ventilatoire sont les deux examens qui permettent d'affirmer le diagnostic : présence de plus de cinq apnées (interruption de la respiration d'au moins 10 secondes) par heure ou de plus de dix apnées associées à des hypopnées (diminution de la ventilation de plus de 50 % pendant plus de 10 secondes) par heure. Ils seront également demandés en cas de ronflements intenses accompagnés de reprises respiratoires bruyantes ou d'une obésité.
Périmètre cervical.
La relation entre le surpoids et le SAS a été démontrée : une diminution de 10 % du poids entraîne une chute de 50 % des apnées. La mesure du périmètre cervical (tour du cou) est un indice important : pour un surpoids identique, les patients qui ont un périmètre élevé ont un risque de SAS plus élevé. L'accumulation de graisses dans cette région gêne, en effet, le fonctionnement des muscles du pharynx.
La PPC (pression positive continue) par voie nasale est le traitement de référence du SAS. Efficace chez plus de 75 % des patients, elle permet de lutter contre le collapsus pharyngé. Elle consiste en un masque nasal relié à un générateur d'air. Les patients traités ont vu leur vie se « transformer ». Cependant, ils se plaignent de la disparité des prises en charge, la maladie ne faisant pas partie des 30 pathologies (ALD) retenues par l'assurance-maladie. Le traitement (24,54 euros par semaine) est remboursé à 65 %, avec un ticket modérateur de 35 % à la charge du malade si celui-ci n'a pas d'assurance complémentaire ou de mutuelle. Seuls les patients pris en charge au titre des « pathologies associées » (diabète, hypertension artérielle, insuffisance rénale) le sont à 100 %. Pour ceux qui ne bénéficient ni de la CMU ni d'une mutuelle, la Ffaair demande la mise en place d'un système d'aide à la mutualisation, dont un tiers serait pris en charge par la Cnam, un autre tiers par la Mutualité française, le reste par les prestataires.
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