Théâtre
Becque a longtemps travaillé à cette comédie. Il la voulait absolument sans gras. Sans phrases faciles, sans formules. Il cherchait la perfection, l'économie la plus serrée des mots. C'est pourquoi ce chef-d'uvre qu'est « la Parisienne » est d'une étonnante vivacité avec ses répliques d'une efficacité assassine, ses scènes qui se succèdent à vive allure. Trois actes, plus cet épilogue qu'Henry Becque avait rédigé, nous dit-on, dix ans après la création de « la Parisienne » (1885) et qu'il intitule « Veuve ! ».
Le trio est classique : le mari, la femme, l'amant et c'est ce dernier, le meilleur ami du couple, qui a des raisons d'être inquiet... la belle Clotilde est peut-être plus volage qu'il ne l'imagine. Plus volage ou plus libre ? Becque donne au personnage de la jeune femme un caractère fort, quelque chose d'intrépide, d'insolent, d'enfantin dans son goût du jeu, traits que la mise en scène de Bernard Murat et sa direction d'acteur accentuent.
La production est séduisante : décor, costumes - robes très élégantes d'Yvonne Sassinot de Nesle -, lumières, musique tout ici est très soigné et la distribution impeccable. Julie Vincent, la mignonne soubrette à amoureux est très juste, Georges Gay, un peu maladroit - le trac - donne quelque chose d'emprunté et un peu fat au jeune Simpson, c'est très bien ainsi !
Joël Demarty est un époux uniquement préoccupé de son avancement. Il ne voit rien. Pas méchant. Presque touchant. Lafont, l'amant, le sait bien. L'ombrageux Lafont que dessine Patrice Kerbrat, sincère et jaloux, est très bien vu. Lui aussi, au fond, est touchant malgré le regard très cruel de Becque sur cette société qui est tout de même très loin de nous...
Clotilde, c'est la belle et fine Caroline Silhol qui s'en donne à cur-joie dans la couleur voulue par Bernard Murat qui est celle d'une étourdissante insolence. Elle joue et se grise, elle n'a aucune illusion. Elle est prisonnière comme les femmes de son temps. Elle trouve ainsi une liberté certaine. Elle est intelligente, lucide. Un très beau personnage qui sied à cette interprète virtuose qui, au fil des jours, va trouver l'exact dosage des expressions qui n'ont pas besoin d'être trop soulignées.
Théâtre des Mathurins, à 21 h du mardi au samedi, en matinée à 16 h le samedi, à 15 h le dimanche (01.42.65.90.00 ou le Quotidien Spectacles 01.55.35.35.25). Durée : 1 h 40 sans entracte. Le petit programme qui accompagne le spectacle est très bien conçu.
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