TOUT CELA n’est pas grave, tout cela n’est pas tout à fait vrai. Rions ! C’est déjà ce que semble nous dire le décor malin d’Edouard Laug qui n’a pas voulu autre chose qu’un crayonné très léger, comme s’il avait dessiné rapidement sur un cahier d’écolier la maison à la campagne où tout le monde se retrouve ou bien cette place parisienne où doit passer une manifestation à laquelle les protagonistes se doivent de participer.
La pièce de Gérald Sibleyras n’a d’autre prétention que de faire rire, mais, en même temps, elle recèle une causticité certaine et très efficace. Le monde qu’il décrit au travers de personnages assez conventionnels est un monde que l’on reconnaît, que l’on connaît. Vieux babas et vaguement bobos, quarante-cinquante ans, crises... Des intellos, mais un peu démunis devant le temps qui passe...
Personnage central, celui qu’incarne Pierre Arditi, scientifique (spécialiste des oiseaux, d’où le titre), quinquagénaire séduisant mais vaguement fatigué, flanqué d’une adorable jeune maîtresse que joue une débutante délicieusement naturelle, Alexia Barlier. Il a quelques raisons de vouloir rompre et quelques velléités de renouer avec une autre... A ses côtés, une soeur un peu revêche, à l’âge difficile, que joue une Josiane Stoléru, épatante, et Jean-Michel Dupuis, formidable dans son rôle de solitaire, lecteur avide de magazines médicaux, vieil enfant anxieux.
Il ne se passe pas grand chose et tout cela passe vite. Une seule certitude, pour peu que l’on ne soit pas un méchant grincheux, on rit de très bon coeur une heure trente durant. Que demander de plus ? Rien. Patrice Kerbrat met en scène avec intelligence cette bande des quatre. Ce qui est intéressant, en fait, c’est que l’on voit ces adultes, cultivés, dans des vies professionnelles intéressantes, être totalement paumés lorsqu’il s’agit de sentiment, d’amour, de sexe. Ce désarroi, Josiane Stoléru, avec ce fond de tristesse qu’elle sait très bien suggérer par-delà la caricature, Jean-Michel Dupuis, avec cette mélancolie profonde qu’il sait instiller au personnage, par-delà l’efficacité du trait, le montrent bien. Pierre Arditi est grandiose et s’amuse. Il est touchant. Ce personnage, lui, ne s’aveugle pas, au contraire des deux autres adultes. Il sait tout de lui, de ses faiblesses, de ses lâchetés. C’est ce qui rend son interprétation très intéressante. Et puis, répétons-le, on rit tout le temps. La pièce n’est pas un chef-d’oeuvre, il y a même des facilités plus ou moins élégantes, mais ne pinaillons pas. Rions !
Théâtre Montparnasse, à 21 h du mardi au samedi et en matinée le samedi à 17 h. Durée : 1 h 30 sans entracte. (01.43.22.77.74). Le texte de la pièce est publiée aux Editions de l’oeil du Prince.
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