«NOTRE ETUDE prouve, de façon presque catégorique, que le sein opposé doit être évalué par IRM», commente dans un communiqué le Dr Etta Pisano, professeur de radiologie et d'ingénierie biomédicale à l'université de Caroline du Nord (Chapell Hill). «Mais, souligne-t-elle, personne ne recommande d'abandonner la mammographie. L'IRM est un outil très coûteux qui doit être employé de façon judicieuse pour les populations à haut risque. Il ne faudrait surtout pas que toutes les femmes se mettent à croire qu'elles devraient subir une IRM.»
Il convient de noter, en outre, que l'IRM ne détecte pas les calcifications, un des signes précoces de cancer du sein, alors qu'elles sont découvertes par la mammographie. De plus, d'autres techniques d'imagerie (échographie, IRM, et mammographie digitale) peuvent détecter des tumeurs qui demeurent invisibles à la mammographie.
Modifier les choix thérapeutiques.
Lorsqu'un cancer du sein est mis en évidence, l'importance d'une imagerie mammaire approfondie et performante devient fondamentale. En effet, la présence de foyers cancéreux multiples ou la détection d'une autre tumeur mammaire controlatérale peut modifier les choix thérapeutiques.
Les études montrent que, parmi les femmes atteintes d'un cancer du sein unilatéral (examen clinique et mammographique du sein controlatéral normal), jusqu'à 10 % d'entre elles présenteront ultérieurement un cancer de l'autre sein. Cela signifie qu'elles devront recevoir un second traitement (chirurgie et, peut-être, radiothérapie et/ou chimiothérapie), plutôt que le traitement unique qui aurait pu être instauré si la lésion controlatérale avait été décelée au début.
Pour cette raison, une proportion de plus en plus grande de femmes, chez qui un cancer du sein vient d'être découvert, font l'objet d'un dépistage supplémentaire par IRM.
L'étude que publient Lehman et coll. visait à dire si, peu après le diagnostic initial d'un cancer du sein unilatéral, l'IRM peut améliorer le dépistage d'un cancer du sein controlatéral, par rapport à l'examen clinique et mammographique.
Neuf cent soixante-neuf femmes ont été enrôlées dans cette étude multicentrique (25 centres aux Etats-Unis, au Canada et en Allemagne), conduite par le réseau d'imagerie radiologique de l'American College (Acrin), avec le financement du National Cancer Institute.
Chez ces femmes, un diagnostic de cancer du sein unilatéral avait été posé dans les soixante jours avant l'IRM de l'étude. Elles présentaient un examen clinique et mammographique normal du sein controlatéral dans les quatre-vingt-dix jours précédant le début de l'étude.
Biopsie dans les douze mois du suivi.
La détection d'un cancer par IRM était confirmée par biopsie dans les douze mois du suivi. Inversement, l'absence de cancer était confirmée au bout d'un an de suivi par une biopsie et/ou l'absence d'anomalies à l'examen clinique et en imagerie.
Les résultats laissent peu de doutes sur l'intérêt de l'IRM. En effet, pour les 33 femmes chez qui un cancer du sein controlatéral a été trouvé, durant les douze mois de suivi, 30 tumeurs ont été décelées par IRM (tumeurs infiltrantes chez 18 femmes, et carcinome canalaire in situ chez 12 femmes).
Cela donne, pour l'IRM, un rendement diagnostique supplémentaire de 3 % (30/969 femmes) après un examen clinique et mammographique normal du sein controlatéral, avec une sensibilité de 91 % et une spécificité de 88 %.
Lorsque le résultat de l'IRM était positif, une biopsie a été effectuée chez 121 des 969 femmes (12,5 %). Trente d'entre elles (soit un quart) avaient des échantillons révélant un cancer (infiltrant dans 18 cas). On peut noter que 60 % des cancers détectés par IRM étaient infiltrants (18/30), avec tout le potentiel de dissémination à distance. La taille tumorale moyenne était de 11 mm.
Pour le Dr Pisano, le pourcentage de cancers trouvés dans le sein opposé est énorme. «Si l'on dépistait par mammographie le sein opposé dans la population générale, on pourrait s'attendre à trouver de 4 à 7cancers parmi 1000femmes. Cette étude en a trouvé 3 parmi 100patientes, soit presque dix fois plus.»
En conclusion, selon les chercheurs, «si le coût actuel de l'IRM empêche son usage courant dans la population générale, cet outil d'imagerie améliore la détection du cancer chez les femmes à risque accru, comme celles chez lesquelles on a trouvé récemment un cancer du sein».
Lehman et coll., « New England Journal of Medicine », 29 mars 2007, pp. 1295 et 1362.
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