La place de l'IRM multiparamétrique (IRM mp) se précise pas à pas dans le cancer de la prostate. Quelle est la valeur ajoutée des biopsies ciblées par l'imagerie par rapport aux biopsies systématiques ? C'est la question à laquelle veut répondre l'étude française multicentrique MRI-FIRST chez 251 patients ayant une suspicion de cancer de la prostate.
Dans « The Lancet Oncology », l'étude montre que les biopsies ciblées font aussi bien que les biopsies systématiques dans la détection de cancers agressifs. Pour autant, les deux approches ne substituent pas complètement l'une à l'autre, et la combinaison des deux améliore la détection.
Une preuve supplémentaire
L'IRM prouve ici une fois de plus son intérêt avant les biopsies prostatiques, comme avant elle l'étude PRECISION ou 4 m. Pour le Pr Olivier Rouvière, radiologue aux Hospices civils de Lyon et auteur principal, la question qui se pose ensuite en allant plus en détail dans l'étude est quasi « philosophique » : « La première, la plus sécuritaire, est d'ajouter les biopsies ciblées aux systématiques afin de détecter le plus de cancers, la seconde est de décider de substituer les biopsies ciblées aux systématiques pour diminuer la surdétection. »
À partir de 16 centres français, ont été inclus 251 patients présentant une suspicion de cancer de la prostate localisé : PSA élevés mais restant ≤ 20 ng/ml et toucher rectal rassurant quant à une possible atteinte extracapsulaire. L'ensemble des patients passaient d'abord une IRM. Puis s'ensuivaient deux séries de biopsies, une première de 12 biopsies systématiques et une seconde ciblant au plus 2 lésions identifiées à l'IRM. Chacune était réalisée par un opérateur différent, celui chargé des biopsies systématiques n'ayant pas connaissance des résultats de l'IRM. Seuls les 53 patients ayant une IRM normale n'ont eu qu'une série de biopsies systématiques.
Cancers cliniquement significatifs
« Le critère primaire s'est intéressé à la détection des cancers de grade 2 selon l'International Society of Urological Pathology (ISUP), explique Olivier Rouvière. Ce qui correspond à un Gleason 7 (3+4), c'est-à-dire aux cancers les moins agressifs des Gleason 7, le grade 3 correspondant aux Gleason 7 (4+3) les plus agressifs. Cette classification a son importance car, sur le plan psychologique, elle facilite pour les patients l'acceptabilité de la surveillance active pour le grade 1, correspondant au Gleason 6. »
Un cancer grade 2 a été retrouvé chez 94 patients (37 %). Parmi ces derniers, le cancer a été détecté par les biopsies systématiques seules chez 13 patients (14 %), par les biopsies ciblées seules chez 19 patients (20 %) et par les deux types de biopsies chez 62 patients (66 %). Un cancer aurait été loupé chez 5,2 % des cas en l'absence de biopsies systématiques et chez 7,6 % des cas en l'absence de biopsies ciblées.
À l'avenir l'IRM et des calculateurs de risque
Faut-il aller vers les biopsies ciblées seules ? « Les biopsies systématiques peuvent être un filet de sécurité pour rattraper les cancers non détectés par les biopsies ciblées, explique Olivier Rouvière. Le problème de la qualité des biopsies ciblées peut être résolu autrement. Le manque de précision peut être compensé par des systèmes de guidage mais surtout par une saturation de la cible, en multipliant les biopsies. L'avenir n'est donc pas à faire moins de biopsies. »
Quant à l'utilisation de l'IRM comme méthode de tri avant les biopsies, « mon sentiment est que la réalisation seule de l'IRM ne pourra pas faire le travail, estime Olivier Rouvière. Des calculateurs de risque pourraient aider à décider de faire ou pas des biopsies à partir de plusieurs paramètres tels que l'IRM, le taux de PSA, les antécédents familiaux, le TR ou encore l'âge ».
O.Rouvière et al. Lancet Oncology. http://dx;doi;org/10;1016/S1470-2045(18)30569-2
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