C'EST LE PRODUCTEUR exécutif Freddy DeMann, fan de Sellers depuis l'adolescence, qui a eu l'idée de porter sa vie à l'écran. Stephen Hawkins, qui a signé quelques films d'horreur (« Freddy », « Predator 2 »...) et un honorable remake de « Garde à vue » (« Under Suspicion ») a été choisi pour la réalisation et l'Australien Geoffrey Rush pour le rôle principal. Rush a déjà interprété le pianiste psychotique Helfgott, le marquis de Sade, Trotsky, le chef des pirates et deux personnages élisabéthains*, alors pourquoi pas Peter Sellers ? Il lui a fallu pour cela se transformer physiquement, avec force prothèses et maquillage et surtout créer quarante voix différentes, pour imiter l'inspecteur Clouzeau ou le Dr Folamour, pour ne citer que les deux plus célèbres.
Chapeau l'artiste, mais à aucun moment on ne s'y trompe. Pas plus que la belle Sonia Aquino ne peut passer pour Sophia Loren ou le sympathique Stanley Tucci pour Stanley Kubrick. Stephen Hawkins se donne beaucoup de mal pour reconstituer et l'ambiance de l'époque et celle des films, jusqu'à se lancer dans l'animation psychédélique. Cela part d'un bon sentiment mais il manque un regard personnel sur la création cinématographique en marche.
Reste l'homme Sellers, colérique, jamais satisfait, parfois brutal et toujours fragile. Ce pauvre Peter, nous explique-t-on, a un problème avec sa mère, ambitieuse à sa place ; il a donc un problème avec les femmes (il a été marié quatre fois, nous voyons sa première épouse et la deuxième, Britt Ekland, jouées avec sensibilité par Emily Watson et Charlize Theron).
On aimerait aimer le film puisqu'on apprécie nombre de ceux dans lesquels figure Peter Sellers. Mais on n'y retrouve pas grand-chose de ce qui fait aimer le cinéma. Ceux qui connaissent Peter Sellers et ses metteurs en scène seront déçus. Ceux qui ne le connaissent pas ou mal n'y comprendront rien. Dommage pour les acteurs.
* « Shine », « la Plume et le sang », « Frida », « Pirates des Caraïbes », « Elizabeth » et « Shakespeare in love ».
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