L'Élysée a tenu à convier tous les acteurs du monde médico-social à Bletterans à l'occasion du discours d'orientation générale de Nicolas Sarkozy sur la politique de santé. Cette invitation, décidée dans l'urgence, a été annoncée aux intéressés à peine trois jours avant le déplacement du chef de l'État. «Cette invitation ressemble plutôt à une convocation», lâche d'ailleurs l'un d'eux. Le président du Syndicat des médecins libéraux (SML), le Dr Dinorino Cabrera, se posait la question de répondre présent à l'invitation. «Si ce déplacement était l'occasion de débattre avec le chef de l'État, je n'hésiterais pas, dit-il, mais si c'est juste pour le voir lire son discours…»«Ce ne sera pas un débat mais un monologue, enchérit le Dr Jean-Claude Régi, président de la Fédération des médecins de France (FMF). Le président de la République veut recentrer les choses, répondre aux inquiétudes des médecins et éviter un éventuel front qui pourrait s'ouvrir avec eux.»
Des relations difficiles ?
Les différents projets du gouvernement, qu'il s'agisse de la loi Bachelot ou de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2009, ont mis en éveil les médecins libéraux.
Les relations se sont notamment tendues entre le gouvernement et la CSMF, qui dénonce, après avoir pris connaissance d'une première version du PLFSS 2009, un retour à des mesures comptables et à une étatisation du système de santé. Le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, pour qui la visite du chef de l'État dans le Jura est «précipitée et opaque», redoute toujours que le gouvernement n'ait pas abandonné ses intentions de maîtrise comptable. Le Dr Régi craint, lui, que le chef de l'État ne profite de son intervention pour rappeler une nouvelle fois à l'ordre les médecins libéraux sur ce qu'il considère être de leur devoir : la répartition démographique des médecins sur le territoire ou l'obligation de permanence des soins. «Le durcissement des sanctions en cas de refus de réquisition –la loi Bachelot prévoit qu'elle doit passer de 3750à 7500euros– ne résoudra aucun problème, c'est de l'affichage, lâche un syndicaliste. Nicolas Sarkozy va essayer de nous convaincre de l'utilité de cette nouvelle réforme, mais il devra faire attention à la façon dont il nous dira les choses. Et attention à ce que les maisons de santé érigées en modèles ne deviennent pas des goulags.»
Le Dr Martial Olivier-Koehret est quant à lui très satisfait de la visite par le président de la République d'une maison de santé. Qui plus est dans une zone rurale. «C'est un geste fort, un signal positif que l'on attendait depuis longtemps, confie le président de MG-France. C'est une façon de conforter la politique des états généraux de l'organisation de la santé (EGOS) de s'appuyer sur les acteurs de terrain qui travaillent et d'apporter des réponses concrètes aux problèmes de démographie des professionnels libéraux.» Pour MG-France, ce déplacement s'inscrit dans la droite ligne de l'action gouvernementale des derniers mois qui tend à définir la médecine générale de premier recours.
Les représentants de la communauté hospitalière sont beaucoup moins diserts que leurs confrères libéraux sur l'intervention présidentielle. D'autant que celle-ci sera davantage consacrée à la médecine libérale. La plupart des syndicats de praticiens hospitaliers ne se rendront d'ailleurs pas à Bletterans, puisqu'ils tiennent le même jour leur colloque annuel (INPH à Paris, CMH et SNAM-HP à Toulouse).
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