De façon surprenante, alors que la vaginite bactérienne, au-delà de 16 semaines d'aménorrhée, est connue pour majorer le risque de fausse couche, aucune étude ne s'était attachée à en connaître l'impact chez les femmes avant ce stade de grossesse.
Pippa Oakeshott et coll., à Londres, qui ont formulé cette question, apportent une réponse, grâce à une étude prospective incluant 1 214 femmes. Ils constatent la quasi-absence de retentissement de cette infection précoce ou d'une chlamydiase sur le déroulement de la gestation.
L'étude a été menée chez 34 généralistes et des centres de planning familial, auxquels les femmes (âge moyen : 31 ans) apportaient un autoprélèvement vaginal par écouvillonnage. Les bactéries étaient recherchées par frottis sur lame, les chlamydiae sur l'écouvillon et les urines.
Chez 14,5 % des femmes (174), une infection bactérienne a été relevée. S'y ajoutent 54 (4,5 %) à un stade intermédiaire d'infection. Une chlamydiase a été mise en évidence chez 2,4 % des patientes, en précisant que l'infection concerne 8,5 % de celles de moins de 25 ans et 14,3 % des « teen-agers ».
Risque relatif de 1,15
Quant aux fausses couches, 121 cas ont été enregistrés avant la 16e semaine. Ce qui porte le risque relatif lié à une vaginite bactérienne à 1,15, donc très faible. Il n'est pas modifié par l'âge, le tabagisme ou un antécédent de fausse couche. Le risque, en revanche, passe à 3,45 au second trimestre (entre 13 et 15 semaines). Le mécanisme serait ici une infection ascendante suivie d'une réponse inflammatoire. Seulement 28 des femmes atteintes de chlamydiases ont perdu leur enfant (RR : 0,30, après ajustement selon la vaginite bactérienne). Mais celles de plus de 37 ans ont un risque de 3,14 et celles aux antécédents de fausse couche de 1,76.
Ce travail prospectif est le premier qui soit consacré à ce thème. Il montre que l'autoprélèvement est réalisable en pratique. Si ses auteurs doivent lui reconnaître une limite, c'est le faible nombre de chlamydiases enregistré. Faible nombre qui suggère aussi l'implication minime de cette vaginite dans les avortements spontanés avant 16 semaines.
« Parce que la vaginite bactérienne n'est pas un facteur de risque fort de fausse couche avant 16 semaines de grossesse, il semble peu probable que le dépistage et le traitement de cette affection améliorent le taux de fausses couches, particulièrement au cours du premier trimestre », concluent les auteurs.
« British Medical Journal », vol. 325, 7 décembre 2002, pp. 1335-1336.
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