À LA VEILLE de la Journée mondiale de la tuberculose du 24 mars, le « BEH » (n° 11) publie les données de la surveillance en France en 2005. L'étude ne concerne que la tuberculose maladie : «Tout cas de tuberculose maladie (quel que soit l'âge) doit être signalé sans délai à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales. Il en est de même pour tout cas d'infection tuberculeuse chez un enfant de moins de 15ans», rappellent Delphine Antoine et Didier Che (Institut de veille sanitaire). En 2005, 5 374 cas de tuberculose maladie ont été déclarés : 5 195 en France métropolitaine et 179 dans les départements d'Outre-mer. La tendance à la baisse observée depuis cinq ans se confirme. Entre 2004 et 2005, le nombre de cas déclarés a diminué de 3 %, ce qui correspond aux 2 à 4 % de baisse par an enregistrée depuis l'année 2000. La chute exceptionnelle de 10 % enregistrée entre 2003 et 2004 est, selon les auteurs, plutôt «liée à un biais de surveillance qu'à une baisse réelle du nombre de cas».
Compte tenu d'une sous-déclaration – l'exhaustivité n'est que de 65 % –, le nombre de nouveaux cas de tuberculose serait de l'ordre de 8 200 cas en 2005 (8,9 cas pour 100 000 habitants). La France est donc un pays «avec une incidence faible de tuberculose, qui sur l'ensemble de la population continue de baisser», soulignent les deux auteurs.
Mais la maladie «n'est pas encore maîtrisée». Et des disparités sont observées selon les zones géographiques et dans certains groupes de population.
40 % des cas en Ile-de-France.
L'Ile-de-France et la Guyane sont fortement touchées, avec des taux de déclaration pour 100 000 de 19,7 et de 44, alors que les autres régions ont des taux inférieurs à 10. L'Ile-de-France enregistre à elle seule 40 % des cas déclarés en France (2 154 cas).
Par ailleurs, la baisse concerne essentiellement les personnes nées en France. Entre 2000 et 2005, le nombre de cas a chuté dans cette population, quel que soit le groupe d'âge, sauf chez les enfants de moins de 15 ans, où il est en légère augmentation. Une hausse qui peut s'expliquer par l'amélioration de l'exhaustivité de la déclaration chez les enfants, mais «qui nécessite d'être surveillée». Si elle se confirme, elle signerait la persistance de la transmission du bacille dans la population, car les enfants ne transmettent qu'exceptionnellement la maladie.
Contrairement à la population née en France, l'incidence a augmenté dans tous les groupes d'âge chez les personnes nées à l'étranger. Dans cette population, le taux de déclaration est 8 fois supérieur à celui observé chez les personnes nées en France (41,5 contre 5/100 000). Le taux le plus élevé a été observé chez les natifs d'Afrique sub-saharienne (160/100 000), il est de 53,2 parmi les originaires d'Asie, de 28,5 s'ils sont nés en Afrique du Nord et de 13,7 pour les Européens (hors France). Le risque de développer la maladie diminue avec l'ancienneté de l'arrivée en France : l'incidence est de 250 pour 100 000 chez les personnes arrivées moins de deux ans avant le diagnostic. Le risque, fortement lié au pays d'origine, pourrait également être influencé par les conditions de vie en France, notamment le logement. En 2005, 17 % des personnes nées à l'étranger résidaient en collectivité.
Les sans domicile fixe et les personnes âgées de plus de 80 ans et plus font aussi partie des groupes de population qui présentent des taux élevés de déclaration. Chez les personnes âgées, il s'agit souvent d'une réactivation d'une infection ancienne acquise au moment où la prévalence de la tuberculose était plus importante qu'aujourd'hui.
Les cas de tuberculose concernant les membres d'une profession à caractère sanitaire et social (infirmières, médecins, aides-soignantes, personnes en contact avec des enfants…) restent rares : 244 cas en 2005.
Du point de vue de la clinique, les tuberculoses pulmonaires (isolées ou associées à d'autres localisations) sont majoritaires : 73 % des cas déclarés dont 79 % sont contagieux (microscopie ou culture positive).
Documenter les issues de traitement.
Ces données justifient l'élaboration d'un plan national de lutte contre la tuberculose dont l'annonce est attendue dans les prochains jours. Certaines actions ont déjà été engagées et seront mises en oeuvre en 2007 : les résultats des issues de traitement devront désormais faire l'objet d'une déclaration obligatoire couplée à la déclaration initiale faite lors de la mise en route du traitement et du diagnostic. Ce qui va permettre d'évaluer le dispositif de prise en charge des patients par rapport aux objectifs fixés par l'OMS : dépister 70 % des cas de tuberculose contagieuse, dont 85 % doivent bénéficier d'un traitement complet. La France était l'un des derniers pays européens à ne pas documenter ces issues de traitement antituberculeux.
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