DES TRAVAUX américains viennent de fournir la première image globale des altérations génétiques associées aux cancers du sein et aux cancer colo-rectaux : en combinant les données relatives à deux types de mutation qu'on retrouve dans les cellules cancéreuses, Victor Velculescu et coll. sont parvenus à identifier une série de gènes et de voies cellulaires qui jouent très vraisemblablement des rôles majeurs dans le développement et la progression de ces cancers. Les résultats obtenus permettent en outre de prédire si les gènes identifiés ont une fonction d'oncogène ou, au contraire, de suppresseur de tumeur.
Au-delà de ce que ces résultats apportent à la communauté scientifique en matière de compréhension des mécanismes fondamentaux de tumorigenèse, les travaux de Velculescu et coll. fournissent de nouveaux marqueurs diagnostiques et de nouvelles cibles thérapeutiques.
Si plusieurs études ont déjà permis de lister un grand nombre de mutations ponctuelles du génome humain associées aux cancers, peu de données sur les autres types de mutation potentiellement cancérigènes étaient jusqu'ici disponibles. L'équipe américaine a décidé de remédier à ce manquement en procédant au recensement des amplifications et des délétions des gènes (ou CMV pour « Copy Number Variation ») retrouvées dans les cellules tumorales. Cette analyse a été effectuée sur 45 échantillons de tumeurs mammaires et sur 36 biopsies de tumeurs colo-rectales. Une vingtaine d'échantillons de tissus sains ont servi de témoin, afin de pouvoir éliminer des résultats les CMV « normaux », non associés aux cancers.
Dans les tumeurs mammaires, des amplifications.
Ce travail a permis de mettre en évidence 614 régions chromosomiques amplifiées et 463 délétions homozygotes spécifiquement associées aux cancers étudiés. Les cellules des tumeurs mammaires contiennent en moyenne 18 CMV, celles des tumeurs colo-rectales 7. Dans les tumeurs mammaires, la majorité des CMV sont des amplifications (11 en moyenne). Dans les tumeurs colo-rectales, le nombre d'amplifications n'est pas significativement différent du nombre de délétions. Le nombre moyen de gènes affectés par ces CMV (chaque région amplifiée ou délétée peut contenir un seul ou plusieurs gènes) est de 24 dans les cellules de cancers mammaires et de 9 dans celles des cancers colo-rectaux.
En combinant l'ensemble de ces données à la liste des mutations ponctuelles également retrouvées dans les cellules tumorales, Velculescu et coll. ont pu mettre en évidence un ensemble de gènes, et surtout un ensemble de voies cellulaires qui sont affectées par les deux types d'altération génétique. Cette caractéristique laisse à penser que ces gènes et ces voies jouent un rôle particulièrement important dans le processus de cancérisation. Les voies cellulaires les plus souvent affectées sont celles contrôlant l'adhésion cellulaire, la signalisation intracellulaire, les changements topologiques de l'ADN et le cycle cellulaire.
R. Leary et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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