SOUAD EL-BOUHATI, 46 ans, signe avec « Française » son premier long métrage, après un court métrage très remarqué, « Salam ». Si elle a toujours vécu en France, son scénario a pour point de départ une expérience de son enfance : «J'avais une petite copine algérienne qui, du jour au lendemain, a disparu. Aux nombreuses questions que je posais, la seule réponse qui m'était faite était: “Elle est retournée dans son pays.” Pour moi, c'était l'incompréhension: elle était bonne élève, elle était née en France, elle ne m'avait jamais parlé de l'Algérie. Pour l'enfant que j'étais, c'était un paradoxe insoluble: comment peut-on avoir un pays que l'on ne connaît pas?»
Sofia, née en France, ne connaît pas le Maroc, où ses parents décident brutalement et sans explications, à ses yeux, de retourner quand elle a 10 ans. Quitter la France est pour elle un déchirement et elle poursuivra ses études avec une seule idée en tête, y repartir. D'autant plus, quand, à 18 ans, elle mesure l'absence de liberté de l'avenir qui lui est promis.
Pour la réalisatrice, il s'agit de montrer que «le pays d'origine qui lui manque tant n'est pas la France, c'est son enfance. “Française” est l'histoire d'une jeune fille en quête d'elle-même qui se réalise.» Si la fin du film correspond à cette définition, ce n'est pas tout à fait le cas du scénario et des dialogues qui mènent jusque-là, parfois par trop simplificateurs. Est-ce cela, où une direction d'acteurs par moment approximative qui conduisent à flirter, pour certains personnages, à la caricature ?
En tout cas, Hafsia Herzi confirme les dons manifestés dans le film d'Abdellatif Kechiche. Elle porte le film par son énergie et sa vivacité. Et donne raison à la cinéaste, pour qui «l'identité est celle que l'on se construit, elle est devant soi».
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