Le sens de la demande de soin
« La première étape dans la prise en charge des douleurs abdominales de l'enfant est de savoir pourquoi il y a une demande de soins » conseille le Dr O. Mouterde. En effet, il n'est pas rare que des parents consultent pour des douleurs abdominales ponctuelles et peu invalidantes pour leur enfant simplement parce qu'ils sont anxieux. Aussi est-il important de filtrer les demandes, de comprendre le contexte dans lequel elles s'inscrivent et de rassurer le cas échéant quand les symptômes ne correspondent pas à un tableau clinique de colopathie fonctionnelle. Chez enfants d'âge scolaire, 15 à 45 % présenteraient à un moment ou à un autre des douleurs abdominales inexpliquées. Selon les critères de Rome définis en 1999, le diagnostic repose sur la présence d'au moins trois épisodes algiques responsables d'une gêne fonctionnelle en moins de trois mois.
Éliminer une organicité
Autre particularité de ces douleurs abdominales persistantes ou intermittentes de l'enfant : elles peuvent témoigner d'une affection organique sous-jacente qui doit être diagnostiquée. « Dès l'interrogatoire et l'examen clinique, le médecin peut avoir une idée du caractère organique ou non des symptômes digestifs » poursuit le Dr O. Mouterde. La courbe de croissance - et sa rupture éventuelle - est un élément décisif en faveur d'une cause organique. Mais un amaigrissement, une insomnie, des selles anormales, des douleurs excentrées (cadrant droit supérieur ou inférieur), des vomissements, des saignements sont bien sûr aussi en faveur d'une organicité à explorer. Les antécédents familiaux de maladies inflammatoires du colon nécessitent la poursuite des explorations diagnostiques. Ces examens sont parfois prescrits pour rassurer les parents, l'enfant, et le médecin, en particulier quand la douleur altère significativement la qualité de vie des patients.
Une « hyperalgie viscérale »
Comment expliquer ces douleurs abdominales fonctionnelles ? « Ces symptômes douloureux seraient liés, non pas à un trouble de la motilité intestinale mais à une réactivité intestinale anormale à des stimuli physiologiques comme les repas, une distension intestinale » explique le Dr O. Mouterde. Une hyperréactivité intestinale conduirait à une « hyperalgie viscérale » du fait de l'abaissement du seuil de manifestation de la douleur. Ce concept d'hyperalgie intestinale peut être expliqué aux patients et aux membres de la famille pour les aider à comprendre ces symptômes et à les dédramatiser. C'est l'occasion de dire que les douleurs sont réelles mais qu'elles ne témoignent pas d'une maladie organique grave.
Références : American Academy of Pediatrics, subcommitee on chronic abdominal pain in children, pediatrics 2005;115:e370-e381
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