LES MALADIES allergiques ont considérablement augmenté ces dernières décennies et leur prévention est devenue une priorité de santé publique. Ainsi, les urgences allergiques se sont multipliées par 7 en dix ans en France et, actuellement, 12 millions de Français ont des allergies. Chaque année, on estime que 2 000 décès sont dus à un asthme et de 30 à 50 morts à un choc anaphylactique. La dermatite atopique touche un enfant sur trois avant 2 ans. A la naissance, le risque pour un enfant de développer une allergie est d'autant plus grand qu'il existe un terrain allergique familial. Si les deux parents sont allergiques, le risque est de 43 % et si les deux parents présentent le même antécédent allergique, le risque est de 72 %. Si un élément de la fratrie présente une allergie aux protéines de lait de vache, le risque pour un enfant de développer cette allergie est augmenté de 33 %. En plus du terrain familial, la mise en contact précoce avec les allergènes alimentaires joue un rôle majeur dans le développement des hypersensibilités et des manifestations allergiques de la première enfance. Il est donc important de prévoir des mesures d'évitement pour limiter le contact avec les allergènes chez les enfants à risque. L'allaitement maternel est donc préférable pendant les quatre à six premiers mois de la vie. S'il est insuffisant, les laits hypoallergéniques sont recommandés chez les enfants ayant des antécédents familiaux d'allergie.
L'étude GINI.
Le potentiel allergisant des laits infantiles est diminué en hydrolysant plus ou moins complètement les protéines du lait de vache, mais le degré d'hydrolyse le plus favorable pour prévenir les manifestations allergiques restait à préciser. C'était l'objectif de l'étude GINI (German Infant Nutritional Intervention study) qui a été récemment publiée (« J Allergy Clin Immunol », 2007 ; 119 : 718-725). Cette étude prospective randomisée en double aveugle a suivi des enfants allergiques de la naissance à 3 ans. Les enfants ont reçu différents types de lait pendant les quatre premiers mois de vie en plus de l'allaitement maternel : un lait infantile classique, un hydrolysat partiel de caséine (Nidal HA), un hydrolysat poussé de caséine ou un hydrolysat poussé de lactosérum.
L'analyse a pu être effectuée sur 904 enfants qui avaient respecté le protocole. Après 3 ans, l'incidence cumulée de dermatites atopiques est de plus de 20 % avec le lait classique alors qu'avec l'hydrolysat poussé de caséine et avec Nidal, elle est inférieure à 15 %. La formulation très hydrolysée ne donne pas de meilleurs résultats que l'hydrolysat partiel. Aux temps 1, 2 et 3 ans, la différence avec le lait classique est statistiquement significative (p < 0,05). En revanche, dans aucun groupe, l'incidence de la survenue d'asthme n'a été modifiée.
Cette étude démontre que le risque de survenue de dermatite atopique peut être réduit en intervenant sur l'alimentation de nouveau-nés ayant un risque allergique familial. L'effet préventif obtenu dépend de la formulation du lait infantile ainsi que du suivi des recommandations pendant les quatre premiers mois de la vie. L'effet préventif des laits hypoallergéniques apparaît dès la première année de vie et se maintient pendant au moins deux années supplémentaires. La poursuite de l'étude GINI permettra de dire si une durée de protection supérieure peut être obtenue.
Conférence de presse Nestlé.
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