De notre envoyé spécial
à Kyoto
L'adiponectine, découverte en 1996, est une des principales hormones secrétées par le tissu adipeux. Elle représente 0,01 % des protéines plasmatiques circulantes et son taux physiologique varie entre 5 et 30 μg/ml. Ce taux est abaissé en cas d'obèsité, de diabète de type 2, de syndrome métabolique ou de maladie coronarienne.
Un rappel physiopathologique sur la formation de la plaque d'athérome est indispensable ici. Les monocytes circulants adhèrent à la cellule endothéliale de la paroi artérielle, la pénètrent et deviennent des macrophages susceptibles de capturer les LDL oxydées. Cette captation est à l'origine de la formation de la cellule spumeuse et de la plaque d'athérosclérose.
L'adiponectine inhibe l'adhésion des monocytes à la cellule endothéliale et empêche la captation des particules LDL oxydées par leur récepteurs.
L'adiponectine inhibe l'accumulation de cholestérol
De plus, l'adiponectine inhibe l'accumulation de cholestérol estérifié dans les cellules en réprimant la synthèse d'une enzyme (ACAT1) responsable de la formation d'ester de cholestérol dans le macrophage (Furukawa et coll.).
In vitro, l'adiponectine s'accumule dans la paroi artérielle blessée, y exerce une action anti-inflammatoire sur l'endothélium, empêche la formation des cellules spumeuses et la prolifération des cellules musculaires lisses (Okamoto et coll.)
Les premiers essais ayant pour objectif d'augmenter le taux d'adiponectine ou d'injecter des analogues ont été présentés. L'équipe de Maeda au Japon a conçu un modèle animal de souris déficiente en adiponectine. Ces souris expriment de très faibles niveaux de protéines porteuses des acides gras dans les muscles (impliquées dans l'insulinorésistance musculaire) et des niveaux importants de TNF alpha (agent inflammatoire) dans le tissu adipeux. Soumis à une alimentation riche en graisses et glucides, ces animaux développent une insulinorésistance majeure. Avec une nourriture habituelle, on observe un épaississement de l'épaisseur des parois artérielles.
Régression des lésions artérielles
En restaurant des taux normaux d'adiponectine par une transfection virale, les auteurs observent une normalisation de la sensibilité à l'insuline et une régression des lésions artérielles.
Les agonistes PPAR gamma ont été testés, en effet, les glitazones (utilisées dans le traitement du diabète de type 2) permettent d'activer le promoteur de l'adiponectine, son RNAm et d'augmenter les taux d'adiponectine dans les adipocytes. La prise de glitazone augmente aussi les taux d'adiponectine plasmatique chez les patients traités. Des analogues d'adiponectine agissant sur les artères pourraient constituer une approche hormonale du traitement de l'athérosclérose.
Cette hypothèse a été confortée par l'équipe d'Okamoto. Sur des modèles animaux, la transfection virale qui augmente les taux d'adiponectine permet une réduction de 30 % des lésions athérosclérotiques aortiques après deux semaines de traitement (p > 0.05). L'injection d'adiponectine au niveau des lésions induites par une dilatation de la carotide avec un ballonet permet leur régression rapide.
Les antiprotéases
Lors des traitements par antiprotéases utilisés pour traiter le SIDA, on observe une diminution de l'adiponectine (de 35 % après une semaine de traitement chez l'animal), avec, parallèlement, une augmentation du taux de triglycérides et d'acides gras libres. La perfusion d'adiponectine chez ces animaux permet de restaurer un profil lipidique normal en sept jours (Xu et coll.).
Ces travaux ouvrent des perspectives dans le domaine de l'athérosclérose et de l'insulinorésistance. On pourrait concevoir des analogues de l'adiponectine spécifiques pour des traitements systémiques ou même locaux des lésions d'athérosclérose.
13e Symposium international sur l'athérosclérose, Kyoto, 29 septembre-2 octobre 2003. D'après les communications de K. Furukawa (Japon), N. Maeda(Japon), Y. Okamoto (Japon), A. Xu (Hong Kong).
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