CLASSIQUE
Les spectacles entièrement réussis à l'Opéra-Bastille ne sont pas légion ! « Billy Budd », de Benjamin Britten, d'après Herman Melville, dans la mise en scène de Francesca Zambello et Alison Chitty, est de ceux-ci. On attendait avec impatience cette troisième reprise de l'uvre dans sa version révisée en 1961, d'autant que, comme pour la dernière fois en 1998, la distribution a été en partie renouvelée.
Dans le grand dispositif ingénieux simulant les différents niveaux du bateau britannique « H.M.S l'Indomptable », la mise en scène très efficace reprise par Christian Räth a toujours grande allure et cet opéra marin qui ne comporte que des rôles masculins a un impact quasiment cinématographique.
Comme en 1998, la distribution a été partiellement renouvelée et est entièrement nouvelle par rapport à 1996. A Rodney Gilfry succède, dans le rôle titre, le Danois Bo Skovhus avec une emprise physique aussi considérable bien qu'il surjoue un peu, probablement par manque d'assurance en scène. Vocalement, on ne perd rien au change, Skovhus campant avec peut-être moins de virilité un Billy très naïf et touchant.
Pour le rôle noir et équivoque du Capitaine d'armes John Claggart, l'Israélien Gidon Saks joue à fond l'ambiguïté et pousse plus loin la composante homosexuelle du personnage que ne le faisait Monte Paderson et, a fortiori, Eric Halfvarson qui était plus noir et brutal que pervers.
Philip Langridge : un modèle du chant brittenien
Mais la grande surprise, succédant à Kim Begley puis Robert Tear, vient du Commandant Vere de Philip Langridge, beaucoup plus investi dans la complexité de sa charge et vocalement un modèle de chant brittenien.
Citons encore, dans les rôles plus accessoires, le truculent Dansker de Gabor Andrasy, le Mr Flint de Paul Whelan, le Novice de Toby Spence, tout en répétant que ce n'est qu'au prix d'une distribution dans l'ensemble impeccable que cet opéra prend toute sa véritable dimension. Gary Bertini couvre parfois les chanteurs et mène ses troupes avec une grande sûreté. Espérons encore beaucoup de reprises et de surprises de ce magnifique spectacle, modèle d'utilisation de la grande scène bastillane.
Opéra-Bastille (08.92.69.78.68). Dernières représentations les 23 et 25 à 19 h 30. Prochain spectacle : « Wozzeck », d'Alban Berg, les 30 octobre, 5, 8, 13 et 1er novembre à 19 h 30. Prix des places : de 66 F (10,66 [219]) à 577 F (87,96 [219]).
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