Théâtre
Première scène, Londres. Une femme d'une cinquantaine d'années. Elle se parle, s'adresse à nous. Elle parle tout en lisant un guide de Kaboul des années soixante. La scène est en 1998. Avant le 11 septembre et l'écrasement de l'Afghanistan. Cette femme c'est l'éblouissante Catherine Hiegel qui l'incarne, lui donnant son autorité, sa puissance et ce petit décalage qui dit une certaine folie, un désir de disparition. Quarante minutes. Et on est à Kaboul. Elle est partie, elle a disparu celle que l'auteur n'appelle que « la femme ». Son mari est nommé, lui, Milton Ceiling (Jean-Baptiste Malartre, douloureux, fragile) et sa fille, Priscilla (Lisa Pajon, étonnante, intraitable, remarquable) la cherchent. Ils ne la trouveront pas. Mais ils vont croiser tout un peuple de personnages étranges dont on ne sait jamais s'ils sont sincères ou s'ils manipulent...
Eric Génovèse est étonnant dans le rôle de Khwaja, Alexandre Pavloff excellent dans le bizarre Quango Twistleton, et des interprètes iraniens très engagés dans ce jeu avec le monde sont très bons eux aussi : Shokouh Najmabadi, Sadreddin Zahed, Mohammad Djalali, Hamid Reza Javdan.
Au cŒur de la pièce, la question de la culpabilité que métaphorise la légende selon laquelle le tombeau de Caïn serait là... au cœur de la pièce, l'Histoire. C'est âpre et sévère. Mais passionnant. Et Kushner ne choisit aucun camp. Ni l'Occident avide, ni le Taliban exalté. Mais quel pessimisme... Lavelli empoigne tout cela avec son sens des rythmes, des charges, avec un sens du grand théâtre. Dans la rigueur.
Théâtre du Vieux-Colombier, à 19 h le mardi, à 20 h du mercredi au samedi, à 16 h le dimanche (01.44.39.87.00). Durée : 3 h 15 entracte compris. Une version de la pièce est publiée par « L'Avant Scène théâtre » (10 euros).
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