RÉUNI EN ASSEMBLÉE générale à l'initiative du SNDELMH (Syndicat national de défense de l'exercice libéral de la médecine à l'hôpital), le collectif syndical Sauvons l'hôpital public a rejeté «à l'unanimité» les propositions du ministère de la Santé quant au mode de calcul de la redevance due à leurs établissements par les praticiens hospitaliers y ayant un secteur privé (« le Quotidien » du 17 septembre). Résultat : non seulement la grève de la transmission du codage (financièrement très pénalisante pour les hôpitaux) lancée il y a trois mois continue, mais le mouvement se durcit. La semaine prochaine, les 2 et 3 octobre, une grève des soins non urgents est annoncée dans les centres hospitaliers et surtout dans les CHU. «Ces deux jours, nous n'assurerons pas l'activité programmée. Il est regrettable d'en arriver là, commente le Pr Bernard Augereau, porte- parole du SNDELMH, mais les pouvoirs publics nous y ont poussés.» La guerre, jusqu'à présent, était de fond – les médecins se battaient pour récupérer le manque à gagner induit par le changement d'assiette de leur redevance, le Conseil d'État ayant décidé de l'étendre à l'ensemble de leurs honoraires et non plus de la faire porter seulement sur les tarifs conventionnels – ; elle est désormais aussi de forme, les médecins en colère s'étant découvert, au hasard de cette « bataille de la redevance », de nombreux adversaires.
« Aucune concertation ».
Roselyne Bachelot, d'abord, à laquelle ils reprochent de n'avoir établi «aucune concertation réelle et sérieuse avec les responsables d'un mouvement de protestation qui mobilise plus d'un millier de médecins hospitaliers à l'échelon national». «C'est du mépris, regrette le Pr Augereau. La ministre ne nous a jamais officiellement reçus. Alors que la pétition que nous avons fait circuler a recueilli 1150signatures et que nous pouvons revendiquer une représentativité importante dans les CHU, tant parmi les hospitalo-universitaires que parmi les praticiens hospitaliers.»
Les défenseurs de l'activité libérale ont aussi l'administration hospitalière dans le collimateur. L'accusant de «stigmatiser» des «praticiens dont le dynamisme fait vivre les hôpitaux», ils vont plus loin en évoquant des «tentatives graves et répétées d'intimidation ou d'entrave au droit de grève à l'encontre de praticiens engagés dans un mouvement digne et éthique». «Il y a des menaces de sanction à l'égard de médecins et de chirurgiens. On évoque l'éventualité de non-renouvellement de contrats d'activité libérale, les effectifs sont mis dans la balance…», ajoute Bernard Augereau.
Quant aux mesures de rééquilibrage présentées par le ministère (le taux de la redevance passerait en CHU de 40 à 25 % pour les actes techniques et de 25 à 16 % pour les actes cliniques ; en CH, on irait de 20 à 16 % pour les actes techniques et on resterait à 15 % pour les actes cliniques), le compte n'y est pas, estime le SNDELMH. «Ces propositions sont très défavorables dans les CHU, calcule le Pr Augereau, l'exercice d'une activité libérale y est rendu totalement dissuasif.»
Roselyne Bachelot, pour sa part, en appelle à la «responsabilité» des actuels et futurs grévistes.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature