EXERCICE militaire en Colombie. Brutalement, c'est l'horreur : un soldat de 19 ans est touché au visage par une grenade de 40 mm tirée par un fusil lance-grenades. En un instant, le médecin est là. Le blessé est conscient, blessé à la joue gauche. Il saigne beaucoup par la bouche et le nez. On le transfuse et on le transporte à l'hôpital local. Là, une radiographie montre... une grenade non explosée de 4 x 8 cm dans le nasopharynx, tout contre la base du crâne. Hélicoptère. Cinq heures après l'accident, le patient arrive à l'hôpital militaire central où l'on a prévu de faire l'extraction de l'engin en faisant courir le moins de risques possible au personnel et au patient : une aile entière de l'hôpital est évacuée et aménagée pour servir de salle d'opération pour la phase initiale de la procédure. Tout le personnel impliqué revêt un casque et une veste blindée antiexplosion en Kevlar. On évite l'emploi d'instruments métalliques et électriques.
Trois équipes interviennent successivement. D'abord, un chirurgien général fait une trachéotomie sous anesthésie locale sur un blessé en position inhabituelle, à savoir en décubitus latéral gauche, car c'est la seule position dans laquelle il peut respirer correctement. Le chirurgien quitte la salle. Un anesthésiste le remplace, qui endort le blessé par voie veineuse et inhalée, et l'intube, puis quitte la salle. Enfin, le groupe de traumatologie faciale intervient, extrait à la main la grenade par la bouche du patient et la remet aux spécialistes des explosifs. Alors, le patient est transféré dans le bâtiment principal où le débridement est poursuivi sans problème. Au total, l'intervention a duré quatre heures.
En postopératoire, les radiographies et la reconstruction scanner en 3D montrent des fractures bilatérales naso-orbito-ethmoïdiennes, une fracture ouverte de la mandibule, une fracture parasymphysaire droite. Deux semaines plus tard, on fait une reconstruction faciale et une fixation des fractures. Le patient est revu en octobre 2003 : il a au visage une cicatrice linéaire de 3 cm et en est à la dernière étape de sa réhabilitation orale.
Jorge Espinosa-Reyes et coll. « The Lancet » des 20-27 décembre 2003, p. 2066.
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