Un essai dans les brûlures cutanées de l'enfant

Une greffe de peau foetale

Publié le 04/01/2006
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EN CAS DE brûlures sévères, la méthode de référence de recouvrement cutanée est la greffe de peau autologue, notamment sur les surfaces planes. La peau artificielle est le plus souvent utilisée pour les zones fonctionnelles (articulations, doigts des mains et des pieds). Les bons résultats d'une greffe de peau fœtale réalisée par une équipe suisse pourraient modifier les options thérapeutiques classiques.
L'équipe de Lee Ann Applegate (Lausanne) a tenté avec succès chez huit enfants âgés de 14 mois à 5 ans une greffe cutanée avec de la peau fœtale. Il est vrai que la connaissance de deux qualités importantes du tissu permettait de prédire ce succès. Tout d'abord, la peau fœtale hors de son environnement est connue pour guérir rapidement, sans cicatrice. On sait également qu'elle est capable de fournir de grandes quantités de peau. Et c'est impressionnant : dans le travail suisse rapporté cet été dans le « Lancet », 4 cm2 de peau d'un seul fœtus de 14 semaines ont permis d'obtenir plusieurs millions de greffons de 9 x 12 cm.
Les enfants inclus dans cet essai avaient été brûlés en moyenne dix jours auparavant et avaient bénéficié d'un traitement traditionnel. Les pansements ont été changés tous les trois ou quatre jours. Les parents étaient informés que, en cas d'épithélialisation insuffisante à trois semaines, une procédure d'autogreffe serait réalisée. Cela n'a jamais été nécessaire. Après cicatrisation, tous les enfants ont bénéficié, selon les besoins, d'un pansement compressif.

D'excellents résultats esthétiques et fonctionnels.
Le nombre moyen de poses de greffon a été de 4,3 et la guérison moyenne a été obtenue en 15,3 jours. De faibles hypertrophies ont été notées, sans rétraction, avec d'excellents résultats esthétiques et fonctionnels. D'autres avantages ont été relevés avec cette nouvelle thérapeutique : pour effectuer les pansements, il a fallu recourir moins souvent à une anesthésie générale car ils étaient moins douloureux que les soins classiques ; aucun mode de fixation externe n'a été nécessaire ; les greffons fœtaux sont faciles à appliquer et se moulent facilement sur des surfaces telles les doigts ou les orteils.
Une question s'est posée sur la greffe à partir d'un donneur mâle chez des fillettes. Mais la biopsie pratiquée chez l'une d'elles six mois plus tard n'a pas retrouvé de chromosome Y sur le site de la greffe.
Cette remarquable activité de la peau fœtale proviendrait de son aptitude à agir sur la production de collagène, sur la réponse du facteur de croissance bêta et sur les récepteurs cellulaires de surface. Elle exerce aussi une action positive sur l'adhésion, la prolifération, et la migration des cellules existantes. Cette capacité a d'ailleurs été confirmée chez tous les patients par une cicatrisation depuis les berges de la brûlure.

J. Hohlfeld et coll., « The Lancet » 2005 ; 366 (9488) : 788-790.

> Dr MARIE-LAURE DIEGO-BOISSONNET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7870