L ES amateurs de cannabis connaissent bien la fringale ressentie après avoir fumé du haschisch. Le composé actif du cannabis, le delta-tétra-hydrocannabinol, est d'ailleurs employé aux Etats-Unis pour donner de l'appétit à certains patients sidéens ou cancéreux.
Dans le cerveau, des cannabinoïdes endogènes (endocannabinoïdes) ont de nombreuses propriétés identiques, en particulier sur la régulation des prises alimentaires. L'une de ces substances isolées de l'encéphale de porc, l'anandamine, augmente l'appétit des souris et des rats, mais son action cesse après administration d'inhibiteurs des récepteurs CB1 des cannabinoïdes.
L'étude de Di Marzo, publiée cette semaine dans « Nature », apporte maintenant la preuve que les cannabinoïdes endogènes et leurs récepteurs sont impliqués dans le comportement alimentaire.
Des souris dépourvues de récepteurs aux cannabinoïdes
L'équipe napolitaine a conçu des souris knock-out dépourvues de récepteurs CB1 aux cannabinoïdes. Après une période de privation alimentaire, les souris knock-out ont confirmé l'effet du récepteur en mangeant moins que leurs congénères de souche sauvage. Connaissant l'implication de la leptine dans la régulation du poids via la libération de peptides anorexigènes et l'inhibition de facteurs orexigènes, les chercheurs ont alors suspecté un lien entre les deux systèmes. Ils ont étudié l'effet de l'administration de leptine sur le taux de cannabinoïdes endogènes. Chez des rats sauvages, la leptine diminue les taux de cannabinoïdes endogènes et de 2-arachidonil glycérol dans l'hypothalamus. L'effet inhibiteur de la leptine sur la libération d'endocannabinoïdes est confirmé par l'existence de niveaux élevés d'endocannabinoïdes chez les souris obèses ob/ob (dépourvues de leptine) et db/db (dépourvues des récepteurs à la leptine). Dans toutes ces expériences, la leptine n'avait pas d'effet sur les cannabinoïdes du cervelet. Cette région, qui coordonne les mouvements, n'a effectivement aucune implication dans la régulation alimentaire.
Les chercheurs ne se prononcent pas sur l'action inhibitrice de la leptine en dehors de l'hypothalamus, ni sur des effets autres que la régulation de l'appétit. Or, on sait que ces deux molécules ont d'autres cibles dans l'organisme. Pour exemple, les souris obèses dépourvues de leptine sont stériles, à moins d'être supplémentées. Les cannabinoïdes endogènes pourraient par également être impliqués dans la reproduction. Déjà, des taux bas d'anandamine chez la souris ont été associés à une bonne implantation utérine de l'embryon, alors que des taux élevés s'accompagnent d'une moindre réceptivité utérine.
Vicenzo Di Marzo et coll., «Nature», vol. 410, 12 avril 2001 ; éditorial de R. Mechoulam et E. Fride.
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