THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
T RANSFUGE de la compagnie Deschamps, connu pour ses prestations amusées sur les ondes, le comédien touche par la sincérité de ce récit dont on ne veut pas savoir s'il évoque sa famille véritable ou s'il a puisé dans sa seule imagination ses personnages. Michel Cerda le met en scène en s'appuyant sur une scénographie amusante. Mais ce sont les mots qui émeuvent et la finesse profonde de l'interprète.
Dans ses habits du dimanche, François Morel révèle des facettes discrètes de sa personnalité. Tout en finesse, son jeu séduit par mille et un détails, des expressions précises, des frémissements, des tremblements, des mimiques subtiles, des regards tendres ou angoissés, des oscillations de la voix, bref tout un éventail d'émotions que l'on lit à fleur de visage. On découvre ce François Morel là, loin des sentiers du burlesque, loin de toute acidité. Car ce qui touche également dans ce spectacle original et doux, c'est la tendresse avec laquelle François Morel évoque les personnages de son enfance, de son adolescence, cette famille bien française, bien ancrée dans son paysage.
Ce que réussit le mieux Morel, c'est l'évocation de ses relations avec sa sur. Le partage de l'imagination, les jeux, les interprétations délirantes propres à l'enfance. C'est très joli comme est jolie la figure de cette mère qui chante si bien et le roman que ses enfants construisent.
Un beau décor d'Anita Renaud, une mise en scène fluide de Michel Cerda, l'intervention d'une fanfare assez inattendue, les bons régimes d'un texte délié, le juste rythme du spectacle, tout cela nourrit un moment très sympathique de vrai théâtre. Morel possède une belle sensibilité, une singularité attachante. Un très joli spectacle qui fait rire et émeut. Un bel art, très personnel et une histoire en laquelle chacun reconnaîtra un peu de lui-même. C'est très agréable, l'humour délicat de Morel fait mouche. On est heureux.
Théâtre de la Renaissance, à 20 h 30 du mardi au samedi, à 16 h le dimanche. Durée : 1 h 30 (01.42.08.18.50).
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