UNE PETITE FILLE qui naît aujourd'hui au Japon, en Suède ou en France peut espérer vivre 80 ans ; si c'est en Inde, 63 ans seulement, et dans plusieurs pays africains, moins de 50 ans. C'est la marque la plus flagrante des conséquences des inégalités en santé. Elles ne sont pas inéluctables, souligne dans son rapport, résultat de trois ans de travail, la commission des déterminants sociaux de la santé de l'OMS. Avec une volonté politique, il serait même possible de combler le fossé en une génération, à condition d'agir vite et durablement aux niveaux mondial, national et local.
C'est une nouvelle approche du développement que propose la commission, pour qui, si la santé et l'équité en santé ne sont pas l'objectif de toutes les politiques sociales, «elles en seront un résultat primordial».
De la naissance, alors que 200 millions d'enfants au moins ne se développent pas pleinement, au « bien-vieillir », en passant par l'éducation, le travail, la protection sociale, la répartition des ressources…, l'action sur les déterminants sociaux de la santé doit faire intervenir l'ensemble des pouvoirs publics, la société civile, les communautés locales, le monde des entreprises, les instances mondiales et les organismes internationaux, et englober tous les secteurs de la société. Sans oublier d'examiner la question du climat, car il faut «trouver un juste équilibre entre le nécessaire développement socio-économique de la population mondiale, l'équité en santé et les mesures que réclame de toute urgence le changement climatique».
Vaste programme que celui proposé par le rapport pour l'équité en santé. La commission se veut réaliste, mais ses recommandations confinent souvent aux voeux pieux. Pour l'accès aux soins, par exemple, elle préconise de «renforcer le rôle directeur du secteur public dans le financement du système de santé», d'investir dans les personnels de santé et de lutter contre la fuite des cerveaux en investissant dans la formation et la fidélisation du personnel sanitaire. «Les connaissances et les moyens nécessaires pour faire changer les choses existent, insiste-t-elle. Ce qu'il faut maintenant, c'est la volonté politique de procéder à ces changements, certes très ardus, mais faisables.»
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